jeudi 27 janvier 2011

Rêve

Ton devoir réel est de sauver ton rêve , Amedeo Modigliani


Ai-je le droit de rêver ? Oui, j'ai le droit de rêver ?! Oui, vraiment ?!
Ai-je finalement le choix ? Je rêve parce que je suis humaine et que si je ne rêve pas, je meurs, je dépéris et m'assèche, me recroqueville et me transforme en petite feuille rabougrie sans âme. C'est ce qu'on dit. C'est ce que j'entends dire. Alors je rêve pour survivre, presque malgré moi. Je ne me l'interdis plus ; mais, une chance que je n'ai pas le choix. Sinon, je serai feuille morte. Si le devoir de rêver, la nécessité existentielle de rêver m'était ôtés, comme par magie, comme dans les contes, je me métamorphoserai en bout de bois, inerte, désespérément inerte. Est-ce que mon âme continuerai de se mouvoir dans ce carcan minéral ? Ovide, tu sourirais à cette question, sage et sûr : ton âme survivra quoi qu'il arrive. J'aime cette confiance dans la force de l'âme. Je te suis Ovide, je marche dans ton sillon, ce chemin où l'âme est éternelle et se façonne et refaçonne sans cesse à l'aune de son contenant.
Et puis, il y a celui qui ordonne de sauver son rêve, Amedeo, sauver mon rêve ? Il existe, ce rêve, et je m'en suis contentée depuis qu'il a enfin une place. Et toi, tu affirmes que mon devoir n'est plus seulement de rêver mais aussi de tenir le gouvernail, de maintenir à flots ce, ces rêves ? Je ne sais pas encore faire ça. Je dois apprendre. Comment fait-on pour sauver son rêve ? Dois-je le nourrir ? Lui parler ? Le bercer ? Je l'ai enfanté, que faire ensuite ? Je n'ai pas appris, on ne m'a rien enseigné à l'école, j'ai beau cherché dans le fin fond de ma mémoire, personne ne m'en a parlé. C'est évident ? Tout le monde sait le faire ? Personne n'y prête attention ? Il y en aura sûrement, narquois, qui riront des rêveurs, grand classique. « Vis avant de rêver ! Tu perds ton temps ! » Mon devoir réel est de sauver mon rêve, ma vraie vie est mon rêve et toi qui ricanes, vis-tu ta vie réelle, la vraie de vraie, celle qui compte, qui remplit et mène plus loin que nulle part ? Celle qui donne un sens à cette drôle de présence ici-bas.

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