Où
te mènera La bonne aventure.
Roman
d'aventure ? Pas vraiment non. L'aventure c'est l'apprentissage
et ce dernier conduit à la croisée des mondes et des voix. Fabrice
Colin conte le deuil de l'enfance et l'éclosion de l'âge adulte. Et
le rêve est toujours permis.
C'est
autour d'Ombline que se construit La bonne aventure. Une jeune
femme attachante certes mais pas seulement. Un peu personnage aussi
un peu fade d'emblée et timorée. Loin de l'héroïne flamboyante,
bien davantage l'anti. Ombline comme une page vierge entre dans son
histoire et les personnages qui l'entourent et apparaissent peu à
peu la colorent pour finalement l'asseoir dans le vivant.
Mais
ces autres qui lui tournent autour en satellites ne sont pas moins
que ses forces vives à elle, ses forces secrètes que le lecteur
lui-même ne soupçonne pas. Elle encore moins bien sûr. Cette
naïveté touche et agace. Elle permet de s'émerveiller en fin de
compte.
C'est
donc bien le monde intérieur de la jeune femme qui prend forme dans
la réalité. Devant elle, Ombline voit danser ses anges et ses
démons, les vrais. Non pas des rêves illusoires, comme ceux
auxquels s'accroche l'héroïne. Des anges et des démons on ne peut
plus réels qui vivent en elle et à l'occasion de ce parcours
initiatique se font voir au grand jour. Acculée aux confins de son
monde étriqué, Ombline est amenée à en repousser les limites.
Laisser l'enfance derrière elle.
La
bonne aventure est une forme de conte. L'ambiance n'est pas
franchement celle des contes que nous connaissons bien. C'est un
monde juste à côté du réel. Pas réel. Le mélange des genres
rend la narration difficile à classifier. Cela n'est pas absolument
nécessaire me direz-vous. Certes mais cela engendre une impression
de richesse du récit et le sentiment de plonger d'univers en
univers. Entre réalité et magie. Entre fantastique et merveilleux.
Ni clairement l'un ni clairement l'autre. Pour sûr conte revisité.
Pas
de morale à l'ancienne. Mais cette idée que la parole des uns et
des autres est à entendre avec des ouïes aussi diverses qu'il y a
de voix, et qu'une même voix en contient également plusieurs. Il y
est aussi question du deuil : celui de l'enfance oui, celui des
être qui l'ont peuplée. Et les autres sont là pour nous ouvrir un
chemin vers l'avenir, qu'ils soient bien ou mal intentionnés.
La
bonne aventure est un roman visuel. Les personnages sont colorés
comme nous le disions plus haut. Leur forme surgit unique et marque
l'esprit.
L'écriture
elle-même est imagée. Les nombreuses comparaisons sont toujours
pleines de vie et de poésie. Précisément, on croise aux détours
de nombreuses pages des éléments de style véritablement
esthétiques. L'on sent que l'auteur a prêté attention à cet
aspect de sa narration. Cela porte le mélange des genres et
l'entremêlement des façons. Une beauté des intersections. Et
souvent, une expression dans cette veine nous fait penser qu'on
aurait aimé y avoir pensé avant.
La
fin de la narration, que nous ne dévoilerons pas bien entendu,
s'inscrit et illustre même à elle seule tout ce dont nous venons de
parler. Elle donne cette impression d'une boucle bien bouclée.
Vous
découvrirez donc là un roman jeunesse extrêmement soigné et
poétique.
Fabrice
Colin, La bonne aventure- Edition Talents hauts –
9782362663437 -
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