lundi 26 août 2019

Fabrice Colin, La bonne aventure- Edition Talents hauts


Où te mènera La bonne aventure.





Roman d'aventure ? Pas vraiment non. L'aventure c'est l'apprentissage et ce dernier conduit à la croisée des mondes et des voix. Fabrice Colin conte le deuil de l'enfance et l'éclosion de l'âge adulte. Et le rêve est toujours permis.



C'est autour d'Ombline que se construit La bonne aventure. Une jeune femme attachante certes mais pas seulement. Un peu personnage aussi un peu fade d'emblée et timorée. Loin de l'héroïne flamboyante, bien davantage l'anti. Ombline comme une page vierge entre dans son histoire et les personnages qui l'entourent et apparaissent peu à peu la colorent pour finalement l'asseoir dans le vivant.

Mais ces autres qui lui tournent autour en satellites ne sont pas moins que ses forces vives à elle, ses forces secrètes que le lecteur lui-même ne soupçonne pas. Elle encore moins bien sûr. Cette naïveté touche et agace. Elle permet de s'émerveiller en fin de compte.

C'est donc bien le monde intérieur de la jeune femme qui prend forme dans la réalité. Devant elle, Ombline voit danser ses anges et ses démons, les vrais. Non pas des rêves illusoires, comme ceux auxquels s'accroche l'héroïne. Des anges et des démons on ne peut plus réels qui vivent en elle et à l'occasion de ce parcours initiatique se font voir au grand jour. Acculée aux confins de son monde étriqué, Ombline est amenée à en repousser les limites. Laisser l'enfance derrière elle.



La bonne aventure est une forme de conte. L'ambiance n'est pas franchement celle des contes que nous connaissons bien. C'est un monde juste à côté du réel. Pas réel. Le mélange des genres rend la narration difficile à classifier. Cela n'est pas absolument nécessaire me direz-vous. Certes mais cela engendre une impression de richesse du récit et le sentiment de plonger d'univers en univers. Entre réalité et magie. Entre fantastique et merveilleux. Ni clairement l'un ni clairement l'autre. Pour sûr conte revisité.

Pas de morale à l'ancienne. Mais cette idée que la parole des uns et des autres est à entendre avec des ouïes aussi diverses qu'il y a de voix, et qu'une même voix en contient également plusieurs. Il y est aussi question du deuil : celui de l'enfance oui, celui des être qui l'ont peuplée. Et les autres sont là pour nous ouvrir un chemin vers l'avenir, qu'ils soient bien ou mal intentionnés.



La bonne aventure est un roman visuel. Les personnages sont colorés comme nous le disions plus haut. Leur forme surgit unique et marque l'esprit.

L'écriture elle-même est imagée. Les nombreuses comparaisons sont toujours pleines de vie et de poésie. Précisément, on croise aux détours de nombreuses pages des éléments de style véritablement esthétiques. L'on sent que l'auteur a prêté attention à cet aspect de sa narration. Cela porte le mélange des genres et l'entremêlement des façons. Une beauté des intersections. Et souvent, une expression dans cette veine nous fait penser qu'on aurait aimé y avoir pensé avant.

La fin de la narration, que nous ne dévoilerons pas bien entendu, s'inscrit et illustre même à elle seule tout ce dont nous venons de parler. Elle donne cette impression d'une boucle bien bouclée.



Vous découvrirez donc là un roman jeunesse extrêmement soigné et poétique.



Fabrice Colin, La bonne aventure- Edition Talents hauts – 9782362663437 -

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