jeudi 10 juillet 2014

Jamais moi comme

Jamais moi comme ces
bienheureux !
J’ai crié haut et fort
des mois et des années,
pour être sûre,
sûre et certaine,
parce qu’il fallait pas
qu’on croit.
Hein ?!
Pas de blague hein !?
Un point d’interrogation,
bah oui !
parce que si on répète autant,
c’est qu’on a vraiment peur
qu’on croit
qu’on pourrait.
Jamais jamais jamais
et puis on ricane,
pour bien bien appuyer
que c’est pas nous ça !
Pas nous pas nous du tout !
Notre dignité, m’enfin !
Les bienheureux
qui se sourient
comme des idiots
hypnotisés
ou
un truc du genre
de gens qui ont le cerveau
en compote
tout mou du genou.
Biiiip
cérébral
lésion du jugement objectif
et fracture ouverte
dégoulinante de la capacité de raison.
Jamais jamais
je ne serais de ce
pain-là.
Je vis
de mes neurones
et de leur vapeur de travail,
je suis par
et pour
eux.
Je ne serais
jamais
une bienheureuse.
Quitte à être malheureuse,
eh oui !
J’étais prête à tout
pour ma fierté
de femme
érigée.
Je l’ai payée
le prix fort
et sérieux
d’années de crèverie
pourrie
et
vomissante.
Mais j’ai cru maintenir
ma dignité
belle et
grande.
je l’ai
on ne peut plus
bafouer.
J’ai cru
comme une imbécile,
c’était moi la stupide !,
que ma valeur était là.
Pfff pfff pfff !
Ma valeur
calculeuse
oui certes.
Ma valeur statistique.
Admirable valeur statistique.
Une rareté.
Absolument malheureuse
et stérile.
Une rareté glacée
et symétrique
imperturbablement.
Un être qui ovule
chaque mois
pour rien,
même pas
pour ressentir
le travail
des hormones.
Un être qui s’est mué
pour ne plus
s’avancer
sur aucune scène.
Un être caché
derrière sa pure blancheur
inquiétant
et
vide.
Un être que les autres
et lui et ses cellules
propres
se sont efforcés de construire
pas à pas
et qui laisse l’œuvre
en jachère.
En jachère indéfinie.
Pas de fin de contrat
en vue.
Un être autour duquel
on a rêvé
et
espéré,
qui se retire du monde
des vivants
pour ne plus y
participer.
Un être qu’on a aimé
chéri
bercé
et qui souffre
de tous les pores
s’il ressent
le plus petit
des frissons.
Un être qu’on a peut-être laissé
tomber
de peur
de tristesse
et aussi
d’amour
pour soi et pour lui.
Comme pour le protéger
de la
terrible
transmission.
Un être
à qui on a enjoint de
vivre
et d’être gaie
et aussi
à côté
de se tuer dans l’œuf
de respirer
sans
absolument
aucun bruit.
Personne n’a fait
exprès
de rien.
C’est comme ça parfois
la vie.
J’ai hurlé, pour
trouver
une solution
vivante
a minima,
que j’étais bien là
et affirmai
ne jouir de rien
sciemment.
Me voilà
bienheureuse
sans idiotie
ni
cécité.
Fière
et baignée
dans
ce que j’ai
si longtemps
cru
être
ma fin.
C’était ma faim
que
j’écrasais
et
fracassais.
La pousse
reprend
encore
et encore.

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