vendredi 22 mai 2015

La douce vieille

La douce vieille
tendre
comme Nova.
La mamie
sans gâteaux
mais aux mains
chaudes.

La douce vieille
impotente,
qui ne voit
ni n’entend,
ne marche qu’à
tâtons.
J’ai longtemps cru
que l’âge la para
lysait

la douce vieille
folle
comme Jeanne.
Mais non,
« Elle a toujours été comme ça ! »
Pas vraiment,
je l’ai su
depuis le début.
Pas vraiment
comme ça.

La douce grand-mère,
si douce,
tellement douce
qu’elle en glisse
des mains.
Mais au moins,
ne saigne pas
sa progéniture.

La douce grand-mère
à la peau si rugueuse
d’avoir raclé
mille et une fois
ce jour
celui d’avant
depuis des lustres
au savon doux.

La douce
qui nous jetterait
à peine arrivés
au lavabo
pour que
comme elle
on se râpe
les menottes.

La tendre grand-mère
aux yeux délavés
de douleur.
Elle a fermé
les écoutilles,
on ne peut plus
rien
lui demander.
Elle n’a plus
de réponse.
« Elle n’en a jamais eu ! »
Mais c’est seulement
ma grand-mère
et elle est douce
et ça suffit.

La tendre grand-mère
une fois qu’elle
t’a trouvé,
serre fort
dans ses bras
et sourit
à l’aveugle.
Elle serre fort
juste comme il faut.
Elle pleurniche
parfois.
Mais moi,
je veux bien
entendre.
Parce qu’elle
turbine qu’à l’eau
et ne se moque
jamais.
Elle ne saigne personne.
Elle les a tous saignés,
mais je mettrai
bien plus
longtemps
à voir cela.

C’est elle
la douce et tendre
qui se cache derrière
un visage
crochu
de fabuleuse
sorcière.
C’est pourtant
elle
qui a renoncé
à tous ses pouvoirs.
Aussi depuis
des lustres.

La douce grand-mère
qui n’a servi à rien,
qui n’a pas
assuré
les arrières
ni
les devants.
Trop douce
et
fondue
pour porter
même une plume.

Elle a un grand
mérite :
elle a gardé son
marasme
dans son cœur.
Elle l’a confié
à Dieu
et ses enfants.
Les petits en ont
réchappé.
Son sang fragile
coule dans mes
veines.
Mais je l’aime encore
mieux
qu’aviné.

La douce et folle,
l’hallucinée percluse
d’angoisses,
n’a pas brisé ma
solitude.
Elle était
sans les mains.
Déjà périlleuse.
Elle a
ouvert
mes yeux d’enfant
à l’immense
horizon
des fracassés
tremblants
ou
envolés.
Ceux ,
les,
pas comme il faut.

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