A l’instant où je m’aperçois e la métamorphose invisible, la traître, tu deviens mon ennemie. Je dois plaquer le masque et fixer le sourire. Mais je suis aux aguets. Je suis en chasse car tu es désormais le prédateur. Il n’est alors plus question de confiance ni d’affection. Il s’agit de simple survie. Je n’ai plus d’énergie pour aimer. C’est devenu un luxe. Je suis toute à prévoir les coups d’en haut ou bas. Tu approches et je recule. Tu ne pourras m’attraper que par surprise. En fourbe. Dans le dos. Si tu me touches, je serai prise d’un immense frisson et tu riras comme une folle, « ben amlors », n’aie pas peur ! Je ne bougerai pas mais j’ai toujours une envie presque irrépressible de te gifler quand tu ricanes à mes dépens, toi, l’ivrogne ridicule. Tu as bercé mon enfance
d’angoisses
tremblantes.
De haine aussi.
Je ne crains
pas
de cracher
sur ton souvenir,
de clamer haut et
fort
que tu n’avais
rien de bon
à m’apporter.
Beaucoup d’humour.
Jamais assez pour
balancer
la peur au ventre,
les nœuds de boyaux,
et la haine.
Qui ne s’éteint pas.
J’écris pour toi
de toi.
De toi à moi,
mais non !
De moi à moi,
seule dans mes
récriminations.
Je creuse pour expliquer. Car on dit, en haut lieu, que tout s’apaise quand on comprend. Quand on endosse la peau de l’ennemi. Que les choses sont moins brutes. Les émotions moins vives. Que l’œsophage s’arrête alors de brûler.
Qu’on peut rouvrir les yeux.
Accueillir.
Se tromper.
Avouer.
Je prends ta vie
dans mes doigts.
Et je pense
fort
à la magie
qui pointe
parfois.
Mais je suis incapable
de
pardonner.
Tu titubes.
Tu fais honte.
Tu es honte.
Tu nous embarques
et tu nous emprisonnes.
Dans ta cellule
puante.
Tous.
Jamais,
je n’oublierai
les heures passées
asphyxiée
à te fuir
et à te le cacher.
A ménager la bête.
A faire la guerre
sans jamais grogner.
Je n’oublierai
pas
cet enfer.
Sans doute,
toute ma vie,
je te haïrai.
Pour le mal
que tu as transmis.
Empoisonneuse !
Qui ne s’excusa pas.
Qui n’y vit pas nécessité.
Si ta mort au moins !
en p^lus de soulager
avait envolé
mon dégoût,
ma rage,
ma peur.
Ma peur reste,
a élu domicile
et alimente
ma rage
qui bout
jusqu’à m’écœurer.
Les nausées
me lancent
quand,
comme toi,
mes amies,
mes amants,
ceux que j’aime
jusqu’aux limites
du supportable,
s’imbibent
et se roulent dans
leur boue
répugnante.
Je les déteste.
je suis en chasse,
comme autrefois,
comme l’enfant à bord
du gouffre.
Je surveille
toutes les entrées.
je prends toutes
les précautions
paranoïaques
que j’ai apprises à tes
côtés.
Joli savoir
que tu m’as suggéré.
A t’observer
sombrer
et me laisser seule.
Je me barricade.
Je m’éloigne
au plus prfond
de moi,
là où personne,
absolument aucun être,
sauf imaginaire,
ne peut m’atteindre.
A moins d’une arme à
lame.
Une vraie qui
ferait pisser
le sang.
En quelques minutes,
je suis en sécurité
dans mon bunker
sans fortune.
Le bunker amer
et efficace.
Errigé en ton honneur.
Tu n’es pas la seule,
je te l’accorde.
Si trop je mange,
l’édifice grossira,
percera
l’enveloppe.
Et plus rien
ne protègera
des fous et folles avinés.
Je mesure les denrées
qui circulent.
En sentinelle.
La guerre ne s’arrête
jamais
quand on l’a avalée au
biberon.
Je mesure tous les
mouvements et
échanges.
Car rien n’est
radicalement fiable.
A tout moment
peut surgir
l’ennemi
que la sale aïeule
a initié
dans mes tripes.
Alors,
je sais,
tout est possible.
Les plus chers
virent
aux monstres.
Et je serrerai
les lèvres.
Mais je n’excuserai
rien.
Je serai calme
et sage.
Je mâcherai mes mots
à mettre mes gencives
à vif.
Je ne hurlerai pas.
Je n’excuserai
rien
pourtant.
Plus rien
alors
n’est gratuit.
Le combat
jusqu’à
crever.
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