On a le coeur brisé, le coeur arraché, non, pas encore arraché, il tient tjs à un fil et on attend que ce fil se casse enfinpour que ce coeur si lourd tombe et s'échoue enfin libre à nos pieds. On aimerait bien l'arracher ce coeur, en finir avec sa douleur et son effarante résistance. Mais on ne le fait pas, on ne le fait jamais. Pourtant, ce n'est pas l'envie qui manque, mais quelque chose, un indescriptible cran nous arrête dans cet accès de rage contre le coeur en pièces.
Le réparer ? Qui ? Comment ? On n'a toujours pas la réponse. On a longtemps été prête à l'accueillir ce mécanicien du coeur. L'horizon est resté vide et on a cessé d'attendre. On croit qu'on a aussi cessé de vouloir réparer. C'est mieux comme ça.
Mais lui, le coeur, un jour, il s'est aperçu qu'il n'était pas tout seul à faire n'importe quoi, à être n'importe qui. Il y avait aussi celui qui nous nargue tous, ce soi-disant chef d'orchestre de l'humain ultra-moderne et adapté. Ce cerveau n'en avait que l'habit. Il était déchiré en-dessous, comme le coeur, en lambeaux, usé, abîmé, malformé et plein de bonne volonté malgré son arrogance.
Les deux compères se sont rapprochés, quittant leur solitude souffrante. Ils s'entraident quand ils le peuvent. Sinon, ils luttent pour survivre et ne pas complètement se désagréger, chacun de son côté, sans jamais s'en vouloir de ce passage à vide dans leur amitié. Ils savent que c'est bien la même chose qu'ils vivent. Alors, ils ne peuvent que se comprendre.
Quelquefois, ce sont les deux en même temps qui surnagent, étouffant, étouffés. De plus en plus souvent d'ailleurs ; alors on est couché, paralysé, les yeux vidés jusqu'à ce que l'un des deux retrouve une forme, même une petite forme, minuscule avorton mais du moins, un petit quelque chose qui pourra à nouveau grandir. Quelque chose est mort en soi.
Ce petit quelque chose, ce qu'il semble ridicule quand le jour est clair. Et c'est pourtant bien lui qui, à chaque fois, nous sauve et nous resauve. J'y crois à cet avorton d'être, d'artères, de neurones, de vie. J 'y crois encore. Il est comme le Phénix : toujours, absolument toujours il renaît de ses cendres. Il mature, parfois en une journée, parfois en une semaine. Cela dépend de l'attaque qu'il a subie. On l'a vu revenir du fin fond de soi-même, sans l'avoir soupçonné.
On s'était complètement perdu.
Très belle encore, la métaphore, je pense que tu peux aller encore plus loin dans l'expression de la souffrance et dans la "rage d'être", tu n'es pas tenue d'être gentille, libère ta plume!!
RépondreSupprimerGros bisous
Michèle
Même sous dix mètres de boue, on est surpris de trouver en soi un germe qui veut vivre, et perce l'épaisseur vers la lumière.
RépondreSupprimerJ'aime spécialement ta dernière phrase "On s'était complètement perdu", très poignant.