Je suis enceinte, comment ? pourquoi ? Je suis pleine d'un bébé qui n'est pas le mien, je suis prise d'assaut, je suis envahie par ce bébé. Je n'ai jamais demandé de bébé, rien a l'intérieur de moi, je n'ai jamais demandé. Je n'en veux pas, c'est une erreur, je ne suis pas la bonne femme. On s'est trompé sur la personne. À qui est ce bébé ? Aidez-moi à en retrouver la ou le propriétaire ! Je ne suis rien pour lui et il n'est rien pour moi. C'est un intrus, un importun qui se sert de moi. Je vous jure sur la Bible, je n'ai jamais voulu de Ça. Je n'ai jamais prié pour, toujours contre. Je continues de prier contre lui mais il grandit toujours davantage et prend possession de moi. Je sens qu'il me prend tout le corps ! Il est puissant et il me grignote. Il commence à atteindre les membres. Vous ne me croyez pas, vous avez besoin de le voir pour le croire ? C'est un bébé dans un corps, comment voulez-vous ? Vous ne pouvez pas le voir, c'est votre travail d'imaginer ces bébés qui se forment dans les ventres et qui sortent en hurlant. À moi de vous crier, de vous hurler que ce bébé est là et qu'il n'est pas mien. Vous êtes calmes, tranquilles, vous me voyez me débattre avec ce monstre et vous vous en entretenez, réfléchissant intensément à mon problème. Vous prenez des airs d'un sérieux déconcertants. Il vous suffirait de vous exciter, de paniquer un peu. Pas besoin de réfléchir ou de faire semblant. J'ai un bébé qui n'est pas a moi dans le corps et je. Oui conjure de me le retirer tout de suite, tout de suite. Aidez-moi ! Ne me parlez pas ! Je ne comprends pas, ça m'est égal ! ARRÊTEZ DE PARLER ! TAISEZ VOUS SOMBRES IDIOTS ! On vous a bercé trop près du mur ? On vous fini à la pisse ? Ouvrez-moi et enlevez-moi ce poulpe qui me tue ! Vous ne réagissez pas, vous croyez que votre calme me gagnera. Vous êtes attardés et reconnus comme supérieurs. Je n'y comprends rien. Vous n'êtes pas des hommes, je n'appartiens pas a votre espèce, vous êtes faux, vous vous masquez. Je vous dévoilerai, je vous désignerai. Vous pouvez en être sûrs, je ne vous oublierai pas. Vous êtes aussi monstres que celui qui m'habite. Il jouit de ce moment de victoire où vous l'approuvez et me diminuer. Il avance en moi, il prend mes membres. Je ne serai plus et il vous assaillira à votre tour. Vous serez sa proie. Retrouvez son propriétaire ! Sinon, je disparaitrai devant vos yeux hébétés de grands scientifiques, de médecins mille fois récompensés, d'infirmières si expérimentées et fières de l'être. ANIMAUX ! Ah ! Vous avez peur enfin. Enfin, mais peur de mes cris. De mes cris, non de ma douleur, non du vrai danger. Vous êtes absurdes.
MAMAN, OU ES-TU ? MAMAN ! Tu es là, tu te montres derrière la vitre, tu étais là tout de temps ? Tu étais là ? Tu me souris... Tu oses me sourire. Me sourire... Tu ne me regardes même pas vraiment, juste en passant, comme si j'étais folle. C'est une mère ça ? Tu n'as plus de fille, Maman. Tu me dégoûtes. Tu n'es plus ma mère, je te renie, tu es aussi fausse qu'eux. Je ne suis pas de toi. Je n'ai plus rien, je suis perdue. Je vais mourir, bientôt, maintenant. Mon heure est venue.
Des yeux, des vrais qui me regardent, qui ne s'évadent pas, qui ne me fuient pas. Tu me parles mais je ne comprend rien de ce que tu me dis. Quel langage baragouines-tu ? Arrête ces sons et ces bruits sans queue ni tête, tu ne sers à rien en me parlant. Regarde-moi, c'est tout. Pourquoi continues-tu de me parler ? Tu es comme eux, tu fais partie des tortionnaires, tu es pire puisque tu me regardes en me faisant croire que nous sommes du même univers. Honte à toi ! ... Tu t'es tue. Tu as donc compris ? Pour combien de temps ? Tu me regardes toujours. Tu me regardes mieux que ma mère. Mais tu n'es pas ma mère. Je peux te faire confiance ? Je dois te faire confiance ?
Et eux, ils se sont écartés un peu, ils sont effrayés par ma vérité, ça y est. Quels couards ? Et ce sont des soignants comme on dit ? Des soignants ? Qui soignent-ils ? Eux-mêmes peut-être. Visiblement pas moi en tout cas. Il y a des gens qu'on soigne et d'autres non ? C'est cela que je n'avais pas encore compris ?
Il se passe quelque chose d'anormal. Je sens mon sang ralentir et mes jambes reposer sur le drap malgré quelques spasmes. J'ai cessé de frapper l'air, j'ai arrêté de hurler. Qu'est-ce que c'est ? Ils n'ont pas bougé. C'est Toi qui me regardes. Tu t'es approchée. Que me veux-tu ? Je peux encore crier tu sais. Il me reste des forces. Mais je me calme même si le bébé est toujours là. Il ne bouge plus. C'est moi qui me bouge. Tu me prends la main et nous me passons les doigts dans les cheveux, doucement mais fermement. Tu m'amènes à ma nuque. Nous la massons ensemble et nous m'apaisons peu à peu. Nos mains se fondent et ma tête redescend, tu me redonnes à moi-même, nous me redonnons à moi-même. Je redevenons humaine. 'Et le bébé ? Il est toujours là, je le sens.'
'Je sais, on va s'occuper de vous ma belle et vous guérirez de ce bébé.'
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire