mardi 6 mai 2014

La nausée des commencements

Se hisser dans la case voisine
Se glisser dans la peau suivante.
S’immiscer dans un nouveau groupe
S’initier à de nouvelles règles.
Et tout recommencer.

Défaire le rythme
Dénouer les attaches
Dévisser les doubles
Déplacer son ombre.
Et tout recommencer.

Ca te fera prendre l’air
Du sang neuf, c’est toujours bon,
Tu vas découvrir plein de choses
Tu en sortiras plus riche
Tu ne peux qu’y gagner
Sans risques on n’avance pas dans la vie.

Comment ne pas répondre
Béni oui-oui à tout cela ?
Le cœur du mal
C’est
Se hisser
Se glisser
S’immiscer
S’initier
Défaire
Dénouer
Dévisser
Déplacer
Se tromper
Se trahir
Stresser
Saturer
Exploser
Sangloter
Et reculer.
Le cœur du mal
C’’est
La première marche
Ce moment de suspens avant de retrouver
Un sol
Marchable
Le premier pas
Dont on ne s’émerveille que pour les tout-petits
Et qui ne coûterait pas tout autant
Parfois ?
Le premier froid
Le coup d’envoi
Après avoir prolongé
Etiré sans limites
Les préliminaires ;
Rêve du coït interrompu
Mais le réel rattrape
Et pousse au cul,
Le sable du bord du précipice
S’évanouit un jour
Sous la pression des semaines
Brutalement
Aspiré par l’angoisse.
Je veux pas !
Je veux pas !
Et je saute
Et plus jamais je ne recule
Plus jamais je ne passe mon tour
L’autre rive
Est là juste
Et c’est sans surprise
Que je l’éprouve
A nouveau.
Je me tais
Serre les lèvres
Enfin en dignité
Pas plus confiante
Pas pour un sou
En ruades
Regards fuyants
Et silences annuleurs.
L’échéance est un monstre
Que j’érige seule
Sur son trône.
Je sais pouvoir,
L’avoir déjà fait,
Déjà prouvé,
Rien n’y fait ;

Tout est à recommencer.
C’est la nausée des commencements.

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