dimanche 8 novembre 2015

Corps ami

Souvent j’ai maudit
Le corps le traitre.
Souvent j’étais
Dans une rage
Folle
Contre lui.
J’ai été
Folle
Du corps,
Crevant,
Crevard,
Cradingue,
Carpette
Pauvre couard.

Je l’ai maudit
Plus haut
Que tout le reste,
Sur tous les dieux,
Sur toutes les têtes.
Je l’ai haï,
Je le hais
Encore parfois,
De ses besoins,
De sa franchise,
De son langage
Aveuglant.

Aujourd’hui,
Je voudrais pleurer
Jour et nuit,
Je voudrais parler
À tout le monde
Du mal d’amour.
Ou à personne.
Je ne le peux pas.
Je ne le dois pas.
Les convenances
Et la vie continue.
J’aimerais m’épancher
Au gré de la lancinante
Douleur.

Mon corps
Ne s’embarrasse pas des
On ne doit pas.
Et ma poitrine brûle,
Crache,
Ne cesse de râler.
Mon front et mes joues
Chauffent
De fièvre
Encore
Et encore.
Comme dans les vieux poèmes
D’amour
Perdu
Où l’on se moque
De la femme
Clouée au lit
Ou se pâmant
D’amour mort.
Mon ventre
Fait bien ce qu’il
Veut
Et gueule
En pleine assemblée.
Mon corps
Tous les jours
Parle
Pour moi.
Mon allié,
Il expurge la peine.
Il ose.
Il a le droit.
Je me love en lui.




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