Les fous qu'on aime
qu'on voudrait
serrer fort
dans ses bras
pour apaiser leur
douleur,
pour faire taire
leurs cruels habitants
qui crient tout le
jour « enculéééééé ! »
en silence
pour eux seuls,
et qui violent toute la
nuit
sans bruit
ni lumière.
Les fous qui
sourient
un peu bêtement
apparemment.
Mais qui ne savent
pas s'ils peuvent sourire
à la dame assise en
face d'eux,
si ça se fait,
si elle est belle,
gentille
et surtout si
elle existe vraiment.
Parce que ces
fous-là,
ils en voient des
choses et
des gens.
Des foules en plein
désert.
La neige sur les tropiques,
Troooooopicoooooo !
Cocooooooricooooo !
Alors, le vrai, le
faux,
ils ne savent plus,
même avec les
pilules bleues
et les gouttes
trois fois par jour
parfois.
Ces fous-là,
les doux,
les tristes,
qui n'ont pas été
bercés comme il faut,
on les aimerait si
fort
qu'ils guériraient.
Et puis, il y a les
autres.
Il y en a pleins
d'autres.
Et parmi eux,
Les fous traîtres.
Pas ceux qui tuent
et assaillent
en furie.
On les voit venir,
et on se cache.
Les fous traîtres
qui mentent,
qui creusent la
poitrine de ceux qui les aiment
pour en tirer la
douce chaleur,
pour la boire,
s'en délecter
et faire comme si de
rien
n'était.
Les fous vampires.
Les
traîtres-vampires
qui assèchent le
plus vivant
de leurs pairs.
Ces fous-là,
on ne les déteste
pas,
on ne les voit pas.
On ne peut pas se
cacher,
ils
se cachent.
Ils
se camouflent
naturellement.
Ils
tiennent du grand
caméléon.
On les approche,
ils
payent pas de mine
ou alors,
ils
font beau.
Ces fous-là,
vous mangeront
jusqu'à la dernière
miette,
vous digéreront
sans remords.
Comme tout bon
prédateur,
ils ne se sentent
pas
coupables.
C'est leur nature,
c'est la nature.
Ces fous-là
recrachent les
pilules bleues
et les gouttes trois
fois par jour.
Ces fous-là
crachent le feu.
Ils
flamboient.
Ils
éclairent.
Et ils
consument.
Fuyez mes amis !
Fuyez tous !
Mes ennemis fuyez !
Personne ne doit
tomber dans ce
traquenard.
Laissons-les brûler.
Ces fous-là
brûlent aussi les
autres
fous.
Ils
brûlent toutes
leurs
chances.
Ils
les crament
d'avance.
Ne les regardez pas
ceux-là,
les traîtres
vampires pyromanes !
Tournez-vous vers
les fous
là,
assis recroquevillés
par terre
ou en plein dialogue
avec la
Tour Eiffel.
Regardez-les et
aimez-les.
Bercez-les,
souriez-leur,
répondez-leur,
donnez-leur vie d'un
vrai regard.
Ils sont
notre être intime,
le plus secret,
le plus pudique,
de chacun d'entre
nous,
mais au grand jour,
sans le vouloir,
bien malgré eux.
Regardez notre chance,
notre immense pouvoir,
inaperçu,
de garder enfoui
dans son nid
tout douillet,
notre être intime,
notre trésor,
notre bébé.
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