vendredi 8 avril 2016

Le traître-tempête

Jamais eu le pied marin,
Jamais aimé les bateaux sur l’eau,
Seulement dans la chanson
Chantée par maman.
Paquebot oui,
Nager aussi.
Pas de deriver
Ni de catamaran.
Et puis, aucune envie.
La mer c’est sur ma peau
Que je veux sentir son
Sel et ses courants,
Pas sur une coque flottante.
Et puis, il me propose de jouer
Dans le vent,
Dans le grand vent,
Il me dit
Tu verras ce sera beau,
Tu verras je te promets.
Et j’ai envie d’essayer la tempête,
Sur son cata à lui.
J’accepte après avoir toujours
Refusé.
Ce n’est sûrement pas l’engin
Qui m’intéresse,
Bien purot la tempête.
Je suis d’accord pour essayer
De jouer avec le vent
Et les vagues.
J’ouvre la porte,
Je tente le jamais vu.
Je lui fais confiance,
Pleine d’amour
Et de tendresse.
L’aventure me grise,
Au coeur de la sublime tempête,
Je m’émerveille.
Quelque temps.
Je suis heureuse,
Le tourbillon m’ouvre l’esprit.
Il est là,
Nous rions ensemble.
Nous nous aimons
Dans l’oeil du cyclone,
A perdre haleine.
Je laisse tout s envoler,
Je n ai plus peur.
Et puis,
Un jour,
Il devient la tempête,
Il se fond en elle,
Il donne des coups de vent,
Il m’attaque de toutes parts,
Il me lacère,
Il commence à briser mon coeur.
Je ne le sais pas encore.
Il commence à briser mon coeur.

J’ai juré,
Dieu m’en est témoin,
De ne jamais plus,
Plus de toute mon existence,
Me laisser briser le coeur.
Je le lui dis,
Très tôt,
Attention,
Ne t’avise pas de me jeter aux lions
Et de me briser.
Ne t’avise pas
Ou c’est toi qui voltigeras.
Je le dis,
Avant d’entrer en toute confiance
Dans la tempête,
Je préviens.

Pourtant,
Je l’ai laissé devenir le cogneur
De vent,
Devenir mon invisible bourreau,
Le fou furieux caché,
Insoupçonnable.
Il a cogné de tous les
Hurlements et sifflements
Du vent.
Il s’est perdu dans sa propre arme.
Il s’est mué en tempête
Sans sublime.
Une tempête mortelle.
Et moi qui avait juré,
Qui avait prévenu,
Qui avait brandi les droits et
L’ethique,
Pleine d’espoir en la parole,
J’encaisse,
J’accepte tous les coups de vent,
Toutes les solitudes sur mon cata
Que désormais j’habite seule,
J’accepte les humiliations des chutes à l’eau
Encore et encore,
Les angoisses sur le pont tanguant
Atrocement,
Les nausées
Et l’envie d’en finir.
Souffle une bonne fois pour toutes
Ou disparaît !
Toi et moi ne sommes plus
Depuis des mois
Sur le même bateau !

Je finis par sortir de la tempête
En abandonnant mon beau navire,
Mon rêve.
Et je suis surtout soulagée
De ne plus avoir peur de lui
Et ses coups de vent,
De nerfs,
De sang.
Je pardonne pour ses douleurs
Et son amour.
Je pardonne.
Et je continue de vivre,
Je réapprends à respirer
Librement.
Mais sans révolte.
Je suis brisée mais calme.
Il a tout cassé,
Je suis en mille morceaux,
Mais je ne suis plus sur le pont.

Et,
Enfin,
Vient la colère.
C’est moi qui fait hurler le vent
Cette fois-ci,
Celui de la colère
Et de la rancune.
Celui qui pourrait soulever des
Montagnes.
Il n’entend rien,
Il est top loin.
J’aimerai qu’il soit à terre,
Les mains sur les deux oreilles
Tellement la colère le chavire.
Ce vent-là est immense,
Il pourrait être aussi monstrueux
que le tien.
Mais je n’en ferai rien.
Je le bride,
Je le transforme en mots,
En choses qui,
Elles,
Ne te briseront pas.
Je ne suis pas une briseuse
D’hommes ni de rêves.
Mais surtout,
Ne t’approche pas trop près,
N’allume pas la mèche.
Je pourrais
Tout de même
Ébouriffer ton petit minois,
Toi le traître tempête
Dans ton petit coin.
Ne me sous-estime pas,
Ni moi,
Ni ma colère,
Ni ton œuvre barbare.
Jamais je n’aurais dû.






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