vendredi 16 décembre 2016

Sans les yeux


J’appelle

J’ouvre les mains

Et le regard se détourne.

Le regard ne veut plus rien dire.

Il veut se taire.

Il ne veut plus exister.

La langue et ses mots sont moins frileux.

Ils montrent toujours

Et se montrent.

Ils ont l’habitude.

Ce sont des joueurs

Des jouets.

Joués et rejoués

Lancés et pipés

Autant qu’on le veut.

Le regard est un pudique

Et il se plante rarement en pleine pupille

Menteur.

Il ne joue pas.



J’appelle

J’ouvre les yeux,

Moi,

Les cils grand ouverts

Mais seuls.

Ils n’aiment pas ça.

Ils sont pudiques

Et susceptibles.

Ils n’aiment pas qu’on les laisse

Tomber

Tout seuls.

Ils ne veulent rien dire.

La langue et les mots se débrouillent d’une solitude.

Les yeux et leur regard ne s’en remettent pas.



Surgit la honte,

L’humiliation,

La colère,

La répression de la rage

Que personne ne comprendra,

L’envie de tout faire valser

Ou de tenir le menton des autres yeux,

En face,

D’obliger à être avec

Et à suivre,

Le désir presque irrépressible de

Tyranniser

Pour ne pas essuyer cette honte.



J’appelle

Et les yeux se retournent

Vers des horizons meilleurs.

Je ne suis pas assez.

Je suis trop.

Tout ça n’est est à côté.

Les yeux me piétinent ouvertement.

Ouvertement sans un bruit.

Je ne dois pas

Claquer

Ma langue.

Je ne dois pas faire un son.

Je dois garder le cap.

Je dois garder les cils doux et fermes

Jusqu’à ce que les autres reviennent à moi.

Coûte que coûte.

Quelque temps que ça prenne.

Et ravaler les larmes et la fierté.












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