dimanche 9 août 2015

A ras bord



Le bol à ras bord
sur la tête,
le tout jeune enfant
ou
l’infirme
doit marcher,
parfois
toute une journée.
C’est l’épreuve
d'admission,
l’épreuve rituelle
de l’école
et
des amis humains
ou autre.
Non que les animaux
exigent
de parfaire cette
habileté.
Tous autant qu’ils sont
doivent
pouvoir
compter
sur l’ultime
réussite du bol à ras bord.
La vie ordinaire en
répond.

A cela, on dit :
"Qu’est-ce qu’elle peut
bien
raconter
la cinglée 
du dernier étage?
Elle nous dit
à tout bout de champ
que l’homme est un
fou,
un animal difforme,
mais qu’il faut
s’en émerveiller.
La vie est un cirque
et tralala.
Pour elle,
sans aucun doute.
Personne n’a
jamais
parlé
de bol à ras bord
sur la tête."
Ce seront les
arlequin,
bouffon,
ermite,
esclave,
raté,
perdant,
exclu,
qui,
demanderont
alors :
« A ras bord de ? ».
La folle du dernier étage pourra
alors
entrevoir
ceux
qui
luttent
avec leur
cruauté,
en protègent
leurs pairs
jusqu’à
l’abnégation,
le sacrifice d’une
place
dans le corps
social.
Elle verra ceux
pour qui
cingle
douloureusement
le conte du bol à ras bord de.

Tous ces non-admis
seront un
et souriront
en coin.
La folle du plafond
n’aura rien à
répondre
puisqu’ils savent tous
déjà.
Elle répondra pour
les autres
qui
méprisent
et tournent le dos.
« A ras bord de rage ».
Certains poursuivront leur route.
D’autres
s’arrêteront,,
se retourneront
puis repartiront au chaud des autres.
D’autres encore
s’arrêteront pour se
regarder
et se souviendront
de l’épreuve
invisible
du bol à ras bord de
rage,
il y a bien des années.
Celui qu’ils ont dû,
eux aussi,
dans les pires à-pics,
soumis aux plus lourds handicaps,
ne pas renverser.

Ma rage,
nos rages,
les bols
plus ou moins
pleins
vides,
au gré
des routes
et la sismique
individuelle.
Toujours,
les bols à ras bord,
nuit et jour,
hiver comme été,
sont ceux
des plus
fous,
à l’écart,
recalés à l’épreuve du bol.
Ou sûrs de l’être.
Non sans raison.

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