Et laisser se cabrer la monture,
Hennir comme une folle,
À nous faire valdinguer
Sur la terre froide et dure.
Lâcher tout en sachant
Qu’on retombera
Sur le même sol
Amer.
Pas cruel,
On n’en a fini de croire
A la cruauté
Du méchant monde
Dans lequel
On n’aurait,
Pauvre petit être fragile
Et brimé,
Pas sa place.
Fini les jérémiades de jeunesse
Mais la terre
Mère
Peut être toujours aussi
Dure,
Intransigeante.
Ne te repose sur rien !
Ne t’arrête jamais !
Bats-toi et ne vois que le but !
N’écoute pas les douleurs !
Elles trompent et ralentissent !
La vie est une guerre !
Entraîne-toi sans relâche !
Dès maintenant et pour toujours !
Pour les siècles des siècles !
Prie si tu veux mais ne t asseoir pas pour pleurer !
Si tu pleures, laisse rouler les larmes sans cesser de frapper !
Laisse les yeux s’embuer si tu veux mais ne faiblis sous aucun prétexte !
Tu es une amoindrie !
Tu n’es pas une vraie.
Tu dois te battre plus !
Toujours plus et encore !
Ta vie sera sans aucun doux repos !
Ou ce sera la mort.
Ou tu t’embourberas.
Ou tu verras, les mains stupides,
Tes pieds s’enfoncer
Dans le sol meuble qui t’aspirera
Vers le fond.
Pas les beaux fonds marins,
Colorés,
Poissonneux,
Caressants.
Les sables mouvants qui
Asphyxient
Et tout petit à petit
Attirent vers la boue merdeuse
Et brûlante ou gelée
Du fond du trou.
Tu verras ton corps disparaître
Centimètre à centimètre,
Impuissante
Et tu hurleras de rage.
Alors, pour tout cela, ne cesse jamais de t’apprêter
Au combat !
En armure coûte que coûte !
Debout !
En mouvement !
En courant !
Dépêche-toi !
Agis avant qu’on ne le fasse pour toi !
Et sommeille le moins possible !
Ou,
Souviens-toi !
La terre t’aspirera.
Lâcher les rênes
Et ne pas courir,
Ne pas agir,
Ne pas tournicoter.
Pour voir si
Oui ou non
Ce salaud de sol s’ouvrira
Sous soi.
S’il est si violent qu’on nous l’a fait
Accroire.
Si la catastrophe arrivera.
La guerre ne tient pas toute une vie,
Ou elle finit en meurtre.
Alors lâché les rênes
Désormais,
Dit la mer
Apparue à l’horizon.
Lâche les rênes .
Le sol est dur,
La monture sans pitié.
Mais tu ne mourras pas.
Tu seras seule.
Tu seras à nouveau l’enfant.
Tu seras à nouveau lave
En fusion,
Exaspérée,
Acculée.
Mais la terre ne s’ouvre que
Dans la Bible.
Tu n’es qu’humaine.
Grand bien te fasse
Et laisse-toi tomber au sol dur,
Les couteaux pleuvoir de toutes parts.
Regarde-les.
Retire-les un à un.
Et moi la mer,
Je serai à tes pieds
Pour te caresser
Jusqu’au bout du monde.
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