L'école,
ses habitants et rebondir vers l'avenir
Alexis
Potschke nous livre un ouvrage sur l'école, suivant ainsi une longue
tradition littéraire. L'école, l'enfant, l'enseignant, l'accoucheur
de pensée, l'élève récalcitrant ou volontaire et transmettre pour
aider à construire les adultes de demain. Texte positif et joyeux
qui fera revivre les envies des plus désabusés.
C'est
d'abord à l'enfance que l'auteur semble dédier son écrit. Il rend
hommage avec tendresse et surtout humour aux petits 6èmes et aux
moitié-grandis de 3èmes. Ils les dépeint dans leurs travers, leurs
particularités, leurs irréductibles individualités. Chacun prend
corps au sein de la classe et tient son rôle dans le groupe
d'enfants comme un vrai personnage. Pas de caricature. Pas de
ridicule. Pas non plus d'utopie. Un regard optimiste et bienveillant
sur ces jeunes, turbulents, silencieux, agités, effacés, drôles,
curieux, agaçants. Un peu de tout, l'arc-en-ciel d'une classe
lambda.
Alexis
Potschke avec beaucoup de justesse humaine remet à leur place
d'enfants ces élèves encore petits derrière leurs grands airs. Ils
sont fragiles, dépendants, et terriblement ou formidablement
perméables à l'adulte qui leur fait face et à son message. En
aucun cas, il ne s'agit de démagogie, de tout excuser. Ce livre est
bien plus intelligent que cela. Il s'agit de la véritable
bienveillance, sous-tendue évidemment par le désir de comprendre
l'autre et de le respecter. Aussi de l'admirer, quelque âge qu'il
ait, dans ses forces et ses combats.
C'est
également l'occasion pour l'auteur de nous faire découvrir les
coulisses des enseignants, ceux qu'on a imaginés tout au long de
notre scolarité, dans leurs mystères qui nous paraissaient si
lointains. La salle des profs, la correction des copies, les
rentrées, les fins d'années etc. C'est un témoignage vivant et
plein d'espoir de ce métier et de son quotidien. Les difficultés
comme les plaisirs en sont dessinés. Ceux qui s'en sortent et ceux
qui pataugent. Réaliste mais imperturbablement positif.
Rappeler
les enfants octroie
à chaque corps social en question une place importante. Une place de
valeur. Sans doute comme il devrait en être aussi davantage hors de
ce texte. Les discours ambiants aujourd'hui,qui ne l'a pas observé ?,
blâment les enseignants ou les dénigrent, se plaignent de la
médiocrité et du manque de respect des jeunes. Chacun a ses raisons
et là n'est pas la question. Ici, l'auteur s'engage sous son ton
léger précisément à soulager du poids de leur mauvaise image
l'école et ses protagonistes. On y trouve un regard original et qui
ne souffre pas, dans la souplesse pourtant, de hargne ni de rage
aveugle. Ouvrir les yeux autrement et se décentrer de ses préjugés
ou opinions trop longtemps remâchées, voilà à quoi nous invite M.
Potschke. Pas de propagande tout de même ni de manifestation
pro-Education nationale. Nous sommes dans une position éthique qui
dépasse largement les querelles de clochers.
Rappeler
les enfants se lit comme
un roman. L'écriture fluide et habitée d'Alexis Potschke nous
entraîne ou nous ramène plutôt dans l'univers du collège et
peut-être nous réconcilie avec. A contre-courant du sombre ciel qui
plane sur l'école et ses habitants dans toutes les bouches ou
presque, une vraie bouffée d'oxygène.
Alexis
Potschke, Rappeler les
enfants – Editions du
Seuil – 9782021420081 - 19€
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire