dimanche 6 octobre 2013

Bébé torture

Un bébé dans le ventre qui gonfle et dégonfle impunément
un bébé invisible
impalpable
intouchable
un fantôme
un tyran
bébé majesté
mutique
qui me chevauche
dirige ma vie
d'un signe de tête
et d'un mouvement d'orteil.
Il se camoufle
distille le doute
la raison de la folie
je me laisse enfoncer
par un embryon d'être
un moins que rien
empereur
en ma
demeure
minus usurpateur
ordonnant son armée :
me tenir à sa
botte.
M'insulte si je dévie
de ses caprices
m'étrangle
remonte le bras dans l'œsophage
jusqu'à ma gorge
perfide
je cède à la nausée
qui râle
j'obéis finalement
en rage
en nage.
Bébé sauvage
prédateur
monstre
des générations
fruit de l'inceste informe
Pas moi !
fées psychotiques
penchées sur le berceau
rois mages bourrés
offrande de leur cancer
phase terminale
césarienne
en cachette
on y fourre le bébé
Allez ! Dépêche !
Calme-toi mon vieux, le monde est au courant !
Ça y est.
Elle est un peu grassouillette cette petiote-là non ?
Oh ah bon ! C'est un bébé vous savez
Et puis on oublie.

Remplie de tous les autres qui m'ont précédée
de tous les viols d'aïeux
commis subis
tous mélangés
enceinte du père et de sa maladie
de ses caresses
et son coulant amour
baveux
insatiable.
Comme son enfant
au père
son bébé ignoré
adoré,
je dois le lui cacher
il me le nourrirait
lui donnerait la becquée
ce fils de fille
fils d'Ariane
jusqu'à la bête tout au fond du géniteur.

Il faut bouger
courir
attraper
relancer
toujours se ressaisir
le bébé grossit
à la seconde où l'on n'y pense plus.
Le corps traître s'adapte
l'accueille
bonne pâte
l'esprit doit seul le réduire
centimètre à centimètre
d'heure en heure
sans discontinuer
d'affilée
Du vent les 35h !
Je n'ai peur que de moi
de ma face bleuie
hagarde
à la peau étirée arrondie,
me consacrer au rabotage
rattraper les minutes
d'insouciance.
Le bagne retrouvé
je suis récidiviste indécrottable
j'en sors j'y rentre
comme dans un moulin
j'abats la tâche
plus vite
plus fort
que tous.
En habituée, on m'y suggère
le menu du chef
en bonnet rayé.
Mon non les gars !
j'ai un bébé à éradiquer
un bébé mangeur
bébé crocodile
bébé qui suce
j'en perds ma moelle,
alors bouillie
et au lit,
vous savez bien, depuis le temps !

Le séjour s'achèvera
sur un vide sublime
bébé atrophié
foie
estomac
rate
pancréas
reprennent leurs aises.
La pousse est toujours là
résiste en moi
à toutes les stratégies.

Jusqu'à la mort ?

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