dimanche 22 juin 2014

L'âme aux mains

Je voudrais m'attacher
à toi
ton corps
ta main
ta forte main.

Je voudrais que la mienne
et la tienne
s'aimantent
sans besoin,
ni boutons
ni agrafes
ni pressions,
d'une quelconque
fermeture
mécanique.

Je voudrais que nos peaux
s'appellent
et se trouvent
par un chemin
qui leur
appartient
à elles seules
et que je suis
incapable
de penser.

Je voudrais un éclair
invisible,
un chemin allumé
par ses lampions
dans une sombre forêt
où je suis interdite
de raison.

Je voudrais devenir
un être d'intuition
intelligent du tréfonds
du corps,
comme toi,
un être intelligent
de toutes mes mains,
agile et solide
du plus creux de la paume,
au bout le plus sensible
des doigts.

Tu es un de ce serres
qui comprennent le réel
comme du braille
décrypté
à la baguette.
Tu poses les yeux,
imposes les mains,
les dégages,
les engages.
Tu te mets au travail
avec l'infinie douceur
de ceux qui savent
toucher.
Sans peur.
Avec les mains
mais avec tout le reste
aussi.
L'âme aux mains.
Tu embrasses,
enlaces
les objets,
toutes les plus petites choses
avec le respect
que d'autres
n'offrent pas même
à leurs pairs humains.
Tu ne prends
jamais
sans délicatesse.
Tout devient
digne
à ton contact.
Je suis moi-même
précieuse
quand tu t'approches
et me saisis,
me serres
et me caresses.
Précieuse
vivante
entière
lourde et légère à la fois.

Je voudrais qu'un fil
de soie
aussi implacable
que l'araignée
étoilée
nous relie
jour et nuit,
parfois ténu,
parfois lâche,
parfois vibrant,
parfois secret.

Je voudrais
je voudrais
encore
je voudrais
toute la magie
d'une poésie
et ses images
et envolées.

Tu me touches
et tous mes
'je voudrais'
prennent vie.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire