Mais Ella...
Je ne suis pas un romantique.
Je ne suis pas un lyrique.
Je ne suis pas un Roméo.
Je ne voue aucun culte
ni à Eros ni
Thanatos.
A Venus ou Mère Nature.
Mais une de mes vies,
toutes mes vies jusqu'alors
prirent fin
avec elle.
En débutèrent d'autres.
Les précédentes s'envolèrent en
poussière d'or.
Mon chemin certain et solitaire
me sauta au visage,
m'éblouit,
doré,
poussière d'or s'éloignant de mes
pieds.
Je regardai
sous moi
et le vide s'ouvrait grand,
tout à gauche,
mon pied n'avait plus de terre,
plus de route,
plus de trace.
Mon pied était idiot
dans l'air,
pas blessé non,
sans plâtre
ni sang,
bien pire : inutile.
J'aurais pu ,
là,
le couper
et repartir
unijambiste
sur cette même route,
que je ne croyais qu'à moi.
J'aurais pu.
Mais j'avais déjà donné de ma
personne,
mon épiderme superficiel
au moins.
Je choisi donc
de me tourner
dos au vide interstellaire
sous mon pied gauche
et de reposer côte à côte mes
deux
pieds
perpendiculairement
à ma trajectoire sexagénaire.
Quart de tour
sacrément fou.
Et je repartis vers ma droite sur
mes deux
pieds,
un sol plus argenté
pour me porter,
cette fois seul
sur ma route.
Elle s'était fondue
dans ma terre,
Ella.
Elle avait pénétré mon sol,
mon sous-sol,
mes racines,
mes nervures
et mes os.
Elle n'était plus seulement
à mon rythme,
à ma mesure.
Elle était devenue ma route
et mon pas.
Nous étions deux en un,
sans le savoir,
sans se perdre,
sans cruauté,
sans dévorer.
Elle était ma siamoise,
double de cœur
partie en poussière d'or.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire