Le mur qui pousse
en plante carnivore
en plante prolifère
en plante locataire
en plante fille
devient mère.
Le mur
à un rythme effréné
sans à-coups
se dresse.
Effréné
par l’angoisse à le voir
se hisser
sans en voir le bout,
sans en voir
le trou.
Un mur
sans maçon
qui monte
qui monte
qui monte
comme la petite bête.
Le mur
qui pèse,
la patte qui traîne
à y être
attachée
par le crâne,
les fils qui
passent
en-dessous
des yeux.
Le mur
qui alourdit le territoire
tout l’espace
même le
qui ne touche pas.
Le mur
qui tremble
bien au-delà
de la Chine
et du nerf
de la guerre.
Le mur
qui injecte son
venin
dans toutes les particules
les plus infimes de mon corps.
J’en suis
imprégnée
pénétrée
de cellules
en cellules.
Comme un mur
rayonnant
d’ultra-violets invisibles
sans beauté
insensé
simples gangrènes mutiques
tentacules de puissance.
Quand il est temps,
le mur s’efface.
Encore,
on ne lui a rien demandé.
Encore,
il n’en fait qu’à sa tête.
Il laisse
comme un sagouin
un précipice
à sa place.
Il faudra
s’efforcer
lentement
de le remplir
de respirations
profondes,
bien entières
qui prennent le fond.
Sinon,
si la patience
et le courage
font défaut,
on sera
tirée
vers le fond
des pots
des plats
des bols,
jusqu’à la dernière goutte,
pour que ce soit fini,
pour qu’il n’en reste plus,
pourléché astiqué,
pour une surface lissée
brillée
aspérités étripées.
On imagine bien
qu’un grand trou
n’est pas
de tous les
goûts.
Il y en a
même qui pourraient
malveillants
dire qu’on est une
salope.
C’est qu’ils n’ont pas
regardé
bien clair
ni fort.
Il y a trou et trou.
Là, c’est un mur
arraché,
une tranchée
de guerrière.
Qu’on ne juge pas
trop vite
les éclopées
à trous !
Je suis
jour après jour
un chantier
urbain.
Tonitruant
ou
inerte
tonitruant et inerte,
glacée de solitude
et grouillant de petits hommes jaunes,
fier érigé
à cases manquantes.
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