mercredi 17 septembre 2014

Multivies

L’apocalyptique lenteur de l’univers.
Je voudrais que la vie courre aussi vite que mes rêves, qu’elle se torde et se contorsionne comme dans mes acrobaties diurnes ou nocturnes mais toujours intra crâniennes.
Gymnaste toujours échauffée, sur le pied de guerre.
Gymnaste en pointes, le corps à la perfection, les voltiges qui dessinent l’air ; pourquoi pas même les œuvres qu’on a dans l’âme ? Le corps crayon, le corps encreur.
J’aurais voulu vivre une vie de gymnaste, une vraie avec pirouettes et rebondis. J’aurais été un élastique pour une vie parmi d’autres. C’est une des vies rêvées. Il aurait fallu prendre l’immense temps de dévier ma trajectoire.
Désespérante raideur de l’univers.
Je voudrais pouvoir dérouler tous les tapis aussi vite qu’un clac et rentrer dans ces corps esprits inédits.
Après gymnaste, tous les
actrice
exploratrice,
vétérinaire,
chirurgien humanitaire,
professeur émérite
Avoir tant vu, tant lu, que je pourrais enfin comprendre les règles et affirmer au moins une chose. Je ne sais pas laquelle. Mais être tellement sûre parce que j’aurais voyagé
en multivies.
Je saurais que ce que je sais je le sais. Que c’est vrai au moins pour moi et toutes les couleurs et reliefs me conforteraient. Je pourrais m’asseoir douillettement sur une vieille chaise seule complètement au beau milieu d’une grande salle vide, sans télé ni feu rien de vivant. Je serais encore toute douillette de toutes mes vies passées et à venir. Peut-être même que je les réclamerai ces moments de digestion intime si jamais j’étais tant que cela.

J’aimerais tous ces dénivelés et me sentir pleine chaque jour, chaque jour plus riche et quelqu’un d’autre.
C’est un rôle de clown ou de bouffon du roi qui toujours et toutes nuits se masque et se déguise. Finalement, l’habit est toujours le même et personne dedans.
Mais j’aimerais cette énorme farce, même lucide, elle me ferait aimer la solitude, l’incontournable après-midi seul sur sa chaise et obligée d’attendre. Elle dégourdirait jour après jour ma circulation encrassée. Non par l’âge mais de malformation congénitale. Encrassée née, je dois sans cesse m’ébrouer.
Ou je crois devoir.

Grande victoire ce jour où je m’ennuierai sans douleur au beau milieu d’un vieux salon sur une chaise à moitié.

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