mardi 30 octobre 2018

Tombe le masque de princesse

        Cléo rentre après cette belle soirée.  Pas trop de picole. Pas top de poudre non plus. Non qu’elle n’y touche pas, mais un peu trop même un tout petit peu et tout devient  si chiant !
     Elle marche souple et tranquille dans la rue qui la conduit chez elle. Elle ne se préoccupe d’ailleurs pas de savoir conduire quoi que ce soit. L’asphalte este sous ses pieds.
Les regards ralentissent et se retournent sur elle. Elle aspire les yeux qui l’approchent. Elle est de ceux que chaque jour l’on  redécouvre. L’émotion qu’elle enflamme doit céder, et le plus vite possible. Ou l’être entier prend feu et s’empoussière enfumé. Chacun possède, comme il se doit en ce bas monde, un instinct de survie. La plupart d’entre nous bien heureusement sait s’en saisir sans mode d’emploi en poche comme bouclier impitoyable. C’est face à Cléo une sorte de passage obligé. Elle n’est ni dupe ni idiote. Elle perçoit parfaitement l’effet crématoire qu’elle produit. Elle n’en fabrique une arme que si nécessaire. Plutôt, en général au jour le jour, un masque très facile.
       Comment a-t-elle attrapé ce virus ? Ce comment est si complexe que plusieurs tomes ne suffiraient. Exagère-je ? Tentez donc sur l’une de ces créatures fantastiques. Et le temps vous filera entre tous vos doigts grand experts.
       Elle, Cléo, les autres, quelle différence si ce n’est la brillance et l’intensité du masque. Ni plus ni moins. Elle n’en fait pas toute une histoire. Beaucoup aimeraient qu’elle en fasse une fabuleuse histoire. Mais la leur la vaut bien.
        Souvent, elle sObserve dans le grand miroir de sa salle de bain. Il devait être grand. Pour la contenir entière. Elle doit se comprendre chaque matin et chaque soir. Une nouvelle dis pour se rappeler son entièreté. Elle-même, aussi bizarre que cela paraisse, ressent un courant du genre de foudroyant. Elle ne sait toujours pas lui donner le bon sens et celui que les autres lui donnent à penser, elle s’y oppose fermement. Trop maigre ! Trop simple ! Trop croyant. Elle n’a toujours pas l’adéquation clairem ce cette sensation.
       Elle est donc devenue cette égérie fantasmatique ! Elle ne peut-on entier sont évidente responsabilité. Sans pour autant la définir. On ne fait jamais un quelconque effet aux autres sans en être intense partie prenante.

       Seule le soir, sans regard ni parole à venir, le masque dont tout le monde rêve qu’il tombe, choit en effet. Mais personne ne rêve ce qui se dévoile là. Elle le sait de longtemps fort longtemps. Elle se garde donc une enraierez fois et se munit de son rasoir, plus neuf que neuf. Deux allez trois jours maximum et la poubelle le reçoit. Un nouveau effilé prend la place vacant, qui en réalité n’est jamais vraie vacante.
Elle tient la lame entre délivrance  préventive et colère enragée. L’un contenant l’autre. Ce sont des sœurs non pas ennemies, bien au contraire. Irréductiblement liées et loyales. Avec la beauté qui l’anime elle, Cléo, elle se déshabille et s’apprête à trancher la chair. La redessiner à son image, sa vraie image. Elle s’assoit fesses nues Suri tendre tapis de bain,un peu poilu. Généreux. Il l’accueille. Elle s’y glisse. Elle profite de quelques secondes de cette douceur qui ensuite se perdra dans la rage orgasmique. Elle ouvre les cuisses. Toujours les cuisses d’abord. La gauche plus accessible. Elle enclenche à merveille le processus.
Cléo trace la première travée, au milieu de son membre. La douleur est somme toute négligeable. Elle descend doucement, presque délicatement le long de l’intérieur duveteux de sa jambe. Le sang ne gicle jamais. Il coule en petit ru, tout humble. La deuxième entaille entamé la ribambelle. Parallèle, des volutes déjà, toujours minutieuse. Troisième, quatrième... Des arabesques se forment au gré de la lame. Insensées. Juste rondes et voluptueuses.
Les jours de grande terreur, les traits se font plus secs et parallèles. Le soulagement est alors immédiat. Nécessairement immédiat.
Chaque jour dessine sa peine.

     Le ventre, l’incontournable. Il est point d’orgue de l’aventure. De petits coups, petits morsures un peu partout, pointilliste. Et toujours in moment une immense balafre qui transverse. Essayer de l’extraire du monde, de lui interdire de sortir de sa minuscule cage que peut-être déjà, il ne mérite pas.
Le coup final n’est pas fatal mais il signe le bas de page du rituel. Elle se place en tailleur sur le tapis-peluche. Elle lui sourit, un peu bêtement. C’est important. Elle le caresse.
Le sang ? Elle en fait son affaire. On croit à bien pire que ce n’est. Chacun voit midi à sa porte.
       Elle respire fort, aussi fort que tout l’air, les mains englouties dans le tapis. Plus aussi doux, déjà, que tout à l’heure. Mais le souvenir nourrit.
        Elle se lève d’un bond. Fort et déterminé. Elle s’appartient, se lave et finit la soirée, on ne peut plus classique. Elle peut sourire sans feindre. Personne ne connaît cela, sauf son tapis-peluche et l’énorme air qu’elle a tout pris.

         Demain sera un jour comme précédent et à venir. Elle sera masquée, fascinante et rayonnante. Et tous l’aimeront de rien.




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