lundi 9 septembre 2013

Les histoires disparues

Abattre la dernière page.
C’en est fini.
J’ai tout lu tout bu jusqu’à la dernière note
chaque parole de chaque mot.
Rien n’est pas au travers de mes mailles.
J’ai tout vu tout lu.
Le globe vide les yeux hagards.
Je cherche les empreintes de mon nouveau savoir, la case où il est bien rangé.
J’ai tout lu tout perdu.
Je ne retrouve plus rien. Je jappe éberluée, saute de place en place, finis en cercles concentriques.
Le trésor s’est éclipsé, enfoui dans l’existant placide.
J’ai tout lu tout voulu.
Trop cru.
Comme toujours, j’ai cru que j’enlacerais ces phrases mots aventures,
que j’en serais la grande maîtresse.
Ils ont communiqué directement avec le globe, sans me consulter.
Presque comme si je ne servais à rien.
J’ai tout lu tout perçu,
tout s’est évaporé à l’intérieur dans l’atmosphère, je n’en sais rien,
puisque je n’ai plus même mon mot à dire.
Je suis pleine du toulutoubu, incapable de le localiser.
Au final, comme vide ou avalée.
J’ai tout lu toute goulue.
J’ai oublié de frémir.
J’ai consommé en ordre, alphabétique
obéissante et cohérente, rationnelle avide de listes officielles.
J’ai tout lu tout tenu.
Et les mains vides de l’échappée. Elles échouent béantes sur mes genoux impatients. Je les regarde désapointée.
J’ai tout lu tout reçu.
Il ne m’en reste rien. Tout s’est fondu dans les particules de mon être.
Tout m’appartient si bien que je ne peux plus voir.
C’est mon corps qui séquestre les histoires disparues.

Elles réapparaîtront au détour d’une logique.
Inattendues émerveillantes.
Revenantes qui autorisent tous les espoirs.

Chacun est une montagne sacrée ordinaire et discrète.
Au creux de laquelle un indomptable cracheur de lave masqué et facétieux.

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