La grande grosse fille au milieu du cercle.
La ronde de petites filles glisse autour d’elle, fluide et mesquine.
Régulière indécrottable comme un métronome.
On se demande s’il y aura une fin, le rythme est tellement clair.
Les rires fusionnent et se transforment.
Elle se pelotonne dans sa graisse, sans bouger, de l’intérieur.
Elle attend et elle s’échappe loin des bêtes humaines.
Sans regarder, elle voit son amie au bout de la cour, dans son repaire, guettant la fin des hostilités.
Elle sent son regard posé sur elle pour la protéger, même si elle noircit d’angoisse.
Elle vole tout près d’elle dans le petit coin tout chaud de l’arène.
Elle murmure des merci que personne n’entend parce qu’elle n’est plus toute seule.
Elle se pelotonne contre l’amie, sans bouger, de l’intérieur.
Elle ferme les yeux et elle est calme au creux des bras de l’amie sans sourire.
Elle voudrait rester comme ça toujours.
Elle sent un pincement qui lui arrache un cri, sur le sein.
« La dame hippopotame… » elles chantent toutes en chœur, en larmes hilares.
Elle s’étonne de les voir toujours aussi réjouies.
Elle se pelotonne dans ses bulles d’avenir, sans bouger, de l’intérieur.
Et elle ne sent plus rien, elle oublie toute la terre,
Elle aime de tout son cœur l’amie fidèle qui la rejoint.
Elle sait qu’elle sourira toute seule ; elle sourira pour deux jusqu’à la dérider.
Elles plongeront lascives dans l’inconscience du monde.
Et elles n’auront plus peur, elles ne trembleront plus, elles seront hors d’atteinte.
Elle se pelotonne contre ses rêves velours, sans bouger, de l’intérieur.
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