lundi 17 novembre 2014

Attache les mots et aime l'été !

Aime tes pairs.
Aime jouer.
Aime rire
et le soleil.
Aime ce que les autres.
Aime parce que les autres.
Aime comme les autres.
Disent.
Sans point entre enfin ! :
aime comme les autres disent, point.
Tout à la suite.
Attachés.
Ils sont tous ensemble ces mots-là. C’est beau, c’est… l’amour. Tu vois n’est-ce pas ? Hein ?
hein ?
… Vois rien du tout.
Voir quoi ?
Les mots se coupent et s’entre
coupent
sans arrêt.
Me dire qu’ils s’aiment !
Que je dois les aimer.
Que c’est comme ci
comme ça
qu’on fait.
Je sais ce que je sais ;
déjà mieux qu’eux
qui savent tout.
Je sais aussi,
que plus tard,
je ferai comme je veux.
Les mots dans tous
les sens.
Par-ci
par-là
mon choix.
Mon droit.
Mon doigt
à ceux
qui savent.
Le privilège
des grands.
Alors, je maintiens
en secret,
Aime comme les autres.
Disent.

Un enfant
qui.
Aime la.
Pluie.
Mieux l’hiver.
Que l’été.
Mieux l’école.
Que les jeux.
Mieux se taire.
Que parler.
Ce n’est pas
un.
Enfant.
Ou c’est un
Pas normal.
Beurk et rebeurk, il est bizarre !
Il dégoûte
jusqu’à ses parents.
C’est qu’on ne peut
vraiment
pas
l’aimer.
Il n’aime
rien
comme les autres d’ailleurs !
Ce n’est pas un.
Enfant.
Ce n’est.
Pas un.
Enfant.
Et puis,
il aime et reaime
les dinosaures
et les étoiles.
Il demande où est Dieu
et pourquoi l’institutrice
se trompe
toujours
et qu’elle fronce les sourcils
en chantant sa colère.
Il ne rêve jamais
aux pompiers
ni Papa c’est le plus fort.
Il dit que
c’est faux
et que
personne
n’est le plus fort,
que le plus c’est le premier du monde
et que statistiquement,
il y a un infime pourcentage
de probabilités (encore ce terme serait-il à redéfinir, ajoute-t-il)
que ce soit ton père
ou celui de Machin.
Il avance
même des chiffres.
Et va se protéger
quand le soleil l’attaque
et pique.
Il est le seul
clampin
à jouer sous la
pluie,
à compter les ploc ploc
qu’il appelle par
leur nom
inconnu des mortels,
les idiots et normaux.
Il se rue sous la pluie
sa belle et bonne amie.
Il tourne et danse
de joie
sous les gouttes
et le froid.
Il aime avoir froid.
On lui de ne pas.
Mais il aime avoir froid.
Le froid protège du monde.
C’est une couche glacée entre le monde
et soi. Et personne ne le touche.
Personne ne veut
donc se brûler sur son givre.
Personne ne s’y frotte
s’y pique.
Lui,
le froid le caresse et
le soleil le blesse.
Mais on répète,
pourquoi encore le dire ?
puisqu’il l’a bien entendu
la première
mais qu’il n’y peut rien rien !
On le répète quand même :
Aime rire
et le soleil.
Aime ce que les autres.
Aime parce que les autres.
Aime comme les autres.
Disent.
Il voit bien qu’il aime
comme il faut pas.
Il pense,
sans trop le dire,
entre lui et la pluie,
chuchoté,
que c’est bien mieux
d’aimer ce que les
autres
laissent il est tranquille avec
lui-même.
Mais il pense ça.
mais il sent que ça
lui cogne sur la tête
sa bizarrerie,
les autres.
Disent.

Et des années
années
années
lumières
et
pluies
plus tard,
il
dira
J’aime la.
Pluie.
Et tout le monde
applaudira.
Parce que c’est
un humain
attesté
conforme
quelque part
et pleins de beaux
diplômes.
Il n’aura         
rien
dit mieux.

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