lundi 3 novembre 2014

Les génies du réel

S’acoquiner à ceux qui
attachent.
Ceux qui ne craignent pas de
jeter l’ancre.
De
planter leurs oignons
et même
ensemencer.
S’approcher
s’accrocher
à ceux
qui tiennent
le vent
et
la vitesse,
qui rient
aux éclats
quand la tornade
les retourne.
La tête en bas,
ceux qui
maintiennent
les assises.
Les fesses
touche touche au
soleil,
ceux
qui ne perdent pas
ni
leur nord
ni
leurs pieds.
Le nord des autres passe
après
soi.
Ceux
qui
caressent
la matière
sous
toutes ses formes.
Ceux qui
écharpent
le jour
et encore
et encore.
Ceux dont
orteils et doigts
s’allongent jusqu’aux
confins
de l’univers.
Au-dessus
en-dessous.
Des entrées et sorties
ports
et
serrures
aux côtes
aussi.
Jusque sous
les aisselles,
les coins bien
reculés,
jusque derrière
la perfide malléole.
Pas la même chez tous
mais
systématique
le recoin
au-dessus du talon.
Ceux qui retouchent
dessinent
réparent
raccommodent
les choses.
Ceux qui palpent
cherchent
à la main
à l’odeur,
en tournant
autour
et d’’expérience.
Ceux qui
une fois qu’ils y ont
goûté
savent y faire
mieux
que les
confirmés.
Ceux qui apprennent
plus vite que le vent.
Ceux qui
déboulonnent
et
remontent
en un tournemain.
Ceux qui ne lisent
pas
la notice.
Ceux qui croient
rien savoir
parce que les livres
les
ennuient
et effraient
(ils ne le disent pas, ceux !
mais qui ne sait pas combien le livre fait peur à celui qui s’y croit
inférieur ?).
Les génies méconnus
du monde réel.
Les surdoués de leur
corps
et de tous les moteurs.
On leur dit et
redit
que les livres,
parfois,
c’est une facilité,
pour un peu moins,
vivre.
On dit et
redit
que scruter les idées
et dévorer les bibles,
c’est
parce qu’on
sait pas faire
différemment.
On dit
redit

Je caresse
avec volupté
les fils
et raisonnements.
Je me délecte
dans un bain
de compliqués
intellectuels.
Depuis toujours,
alors que je
me suis
tant
cachée
derrière
vingt-huit
et quarante-cinq
manteaux et
peaux
impénétrables,
je suis nue dans ce bain-là.
Ce seul-là
depuis
toujours.
Mais parfois
aussi,
je m’éparpille
me désagrège
torture
pensées
et pièges
jusqu’à saigner
hémorragique.
Et retour à la
case
des morts-vivants
marionnettes
qui ne retrouvent
un sol
qu’au fond du
canyon
de l’angoisse.
L’envers de la médaille.
Et autant je me
suis complue
dans l’auto-
suffisance
de la
réflexion
et mon bain,
autant
je deviens
nouveau-né
absolument
dépendant
quand
j’ai volé
trop haut.
J’ai pour
mesure de
protection
aujourd’hui
de tenir dans ma main
celle d’un qui
attache,
jette l’ancre,
plante ses oignons
et même
ensemence,
tient
le vent
et
la vitesse,
rit
aux éclats
quand la tornade
le retourne.
Parce qu’il n’a pas
peur
de mourir
ni de disparaître
dans un éclair.
Parce qu’il veut bien
la bagarre,
pourvu qu’elle soit
vivante.

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