vendredi 28 novembre 2014

La vache et la pomme

Et il regonfle
reprend son ampleur
se pavane
et me nargue
sous moi.
Il s’étale.
Je suis une bombe
à retardement.
Je vais exploser
de dégoût
et de haine
contre lui
qui cette fois
encore
se permet.
Je le hacherais en morceaux.
J’en mourrais s’il le fallait.
Je serais la kamikaze
sans peur ni honte
sans foi ni loi.
Je n’aurais plus rien à perdre.
puisque je serais moi-même
à détruire,
dans le viseur
de ma propre arme.

Le kamikaze
et la
ne sont pas fous.
On n’est pas fou parce qu’on est
kamikaze.
On n’est pas kamikaze parce qu’on est fou.
On kamikaze quand on est
vide,
qu’on est vide de tout
sauf
sauf !
d’une immense colère
comme l’océan.
Une rage
qui ne tient pas
dans un corps d’homme.
La rage des grands
félins,
la rage prête à tuer,
la rage prête à tout.
Le jeu de sons était
trop facile,
je l’entendais déjà
dans ma tête.
Vous savez bien cette
rage-là ?
N’est-ce pas vous savez
bien ?
N’est-ce pas ?
Vous savez bien
non ?
Oh merde !
Encore des sages qui
ne savent pas
ce que je baragouine.
je vais encore
me faire
jeter
dans la cage aux fous.
Remarquez que
c’est sans doute
bien plus marrant
que tous ces conciliabules
officiels
reconnus.
Je kamikaze,
c’est mon issue,
quand le corps
dégringole.
Non non !
Il ne dégringole pas.
Il se bidonne.
Il gonfle.
Il s’arrondit
comme une femme
prise
par le têtard
que tout le monde attend.
Pas moi 
surtout pas moi.
Il se prend
pour un grand
un gros
un bœuf
et je suis une grosse
vache
brusquement,
aussi lourde
et sans armes,
sans mamelles,
et sans lait.
Le simple volume
bovin.
Et tout le sens
que chacun
et chacune
y met bien.
Les yeux
perdus
dans la
bêtise.
Comme si
d’un coup,
je me muais
en imbécile,
parce que mon corps
me boudinait.
Il mène la danse !
Danse ironique de
la vache
en sabot
et bedon.
Ma tête devient une
pomme,
verte
et luisante,
hors de toute probabilité
d’humanité.
Inacceptable.
Les cheveux retournent
à l’enfance,
longs et filasses,
presque invisibles.
L’être se loge
seul
dans le cerveau,
circonscrit
à l’impalpable
électricité
neurale.
Mais cet être
redevient
un handicapé
connu.
Il a été mon kamikaze
des jeunes années.
L’être qui toque à
toutes les
portes
du crâne.
L’être qui ose avaler toutes les
nourritures
d’école,
toutes et même plus,
pour grandir et
surpasser
la vache qui lutte
pour prendre le pas
sous lui.
L’être qui a déserté
son corps,
qui n’en reconnaît plus les atomes,
maladie auto-immune
anti-corpspropre
car il est
sale
précisément.
Loin de la
bouse
qui remplit
la cache du dessous,
de l’étage
des simplets.
Mais l’étage d’évidence aussi,
l’étage iné-
vitable,
le passage obligé
par le corps
propre
sale
et véreux.
La tête est une pomme
verte
une Granny Smith
à l’air un peu
benêt
mais elle n’est pas
creusée
de vers
et
vermines

ordurières.
Un peu idiote mais
propre.
Elle pédale la
pomme verte.
Elle ne
s’affaisse pas
sur le bord de la route
laissant filer
sa vie.

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