dimanche 7 février 2016

Corps n'est pas âme

Sentir ses poumons
râler
souffrir
de chaque
inspiration.
Eux-mêmes,
les increvables.
Jusqu'aux cimes
du monde.
Ils peinent
comme des petits vieux,
comme de grands asthmatiques
qu'ils n'ont
jamais
été.
Mais ils demeurent
à l'intérieur.
Les bras,
les jambes
marchent
et
attrapent
comme si
de rien n'était.
Tout va bien
dans le meilleur des mondes
possibles.
Les poumons même
dans leur douleur
restent
muets.
Qui de vous,
de mon corps,
dira mon atroce douleur ?
Qui la hurlera
enfin ?
Aucun n'en a le courage ?
Aucun n'en a le pouvoir ?
Moi-même,
je ne la vois pas.
Moi-même,
je dois l'imaginer
à moins de me torturer.
Le corps reste intact
face à l'intolérable
de l'esprit
et du cœur.
Il bat,
il répond,
il ne s'écroule pas,
il ne se démantèle pas.
C'est un robot.
Encore heureux !
Diront certains,
pas tous les malheurs en même temps !
Je rêve d'un corps
qui me montre,
même en catimini,
même juste à moi
que je n'affabule pas.
Que je pourrais
m'étouffer
de mon mal.
Que lui aussi
combat.
Il semble,
pourtant,
bien tranquille.
Se réveillera-t-il
le jour après la tempête ?
Ce serait une belle
trahison
et il le paiera cher.

Mes poumons
rament
sur l'océan
dont tous les bords
ont disparu.
Mes poumons
me disent
quelque chose,
ils me parlent,
eux oui.
Mais poursuivent
la route
comme ils sont programmés.

Mon corps me trahit,
il se tait.
Autant que moi.
Il est poli,
joli,
verni.
Il cache les maux,
il est pudique,
le pauvre.
Et je suis seule
dans mes neurones
invisibles
à lutter
comme une
décharnée.


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