mardi 9 février 2016

La faille

Fière
Ancrée
deux pieds en terre
non enterrés
stables
souples
les bras vivants
en arabesque si nécessaires
tranquilles
les mains ouvertes
au cas où.
Fière
Ancrée
Entière
Sans trous,
Sans précipices
Aucun canyon du malheur.
Et puis,
la fissure
de l'humain
comme tout le monde.
La fissure
la cicatrice
d'une blessure
même oubliée
même juste
parce qu'on va
mourir
un jour.
Pas une mince blessure !
Abdel
fissure
Adèle
le roc
la montagne
increvable,
quand il l'a prend
pour la première
fois
dans ses bras.
Il s'avance.
Il caresse
le visage,
l'enveloppe,
ne touche
pas aux cheveux,
il a compris,
c'est sacré,
Pas touche !
Personne !
Au monde !
Il serre
doucement les épaules
après avoir
descendu
le cou.
Il l'enlace
croise ses bras
autour d'elle
s'arrondit
pour lui faire sa
coquille,
celle qu'elle n'a pas demandée,
pas pensée,
pas sentie.
Et en un éclair,
elle flotte.
Elle sait que
plus jamais
elle ne sera
entières
que dans des bras.
Des bras
beaucoup plus grands
qu'elle,
beaucoup plus doux
qu'elle.
Des bras-baumes
des bras de chat
des bras chauds
des bras qui serreront
jusqu'à se faire
toucher
toutes les molécules.

Fière
Ancrée
Désormais
Consciente
D'une condition
A la force
vivante,
elle qui avait vaincu
la faucheuse
impériale.
Consciente
de sa faille
humaine
intraitable.
Jamais sans ses bras.

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