mardi 2 février 2016

Hors des buts

Un jour, Adèle se prit à être ce qu'elle n'avait jamais été.
Celle qui va et reva au charbon.
Celle qui pellette.
Et on la regarde sans mot dire.
Celle qui sue comme souillon.
Celle qui rame au beau milieu.
Celle qui se bat contre le courant.
L'héroïne zolienne
qui jamais n'abandonne
quand le lecteur lui-même
aurait envie de la lâcher.
La foutue conne
qui tente et retente.
Qui ne se rebelle pas.
Qui combat la vie
pourisseuse.
Compris ?
Alors Adèle ouvrit ses mains
devant elle,
regarda leurs lignes
cryptées
et leva les yeux au ciel ;
Elle souffla.
Elle recula de plusieurs grands pas.
Elle reprit sa place dans son cercle,
dans ses buts,
à sa place entière.
Elle cessa le travail,
la torture
hors ses murs.
Elle cessa de creuser
sans trésor
à l'horizon.
Personne n'avait demandé
ça.
Elle se prit à être ce qu'elle n'avait jamais été,
par amour.
Elle prit peur
quand elle comprit.
Elle se replia.
Elle retrouva la douceur
tendre
d'être soi,
elle reprit
la bulle
en marche.
Elle n'avait pas bougé
ouf ouf !
Et de nouveau on la regarda.
Elle se promit
de ne plus dépasser
les lignes d feu,
de ne plus s'envoler si loin
de ses buts.
Elle se promit.
Même par amour.
Même par tous les dieux.
Elles se promit,
en son for intérieur,
elle en douta.

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