Elle parle, elle parle,
elle trottine sur les mots,
le sourire et la joie.
Elle est malhabile
et pourtant,
sautilleuse.
Elle marche en crabe et
la tête jamais vraiment
en place.
Elle est là et relà
pourtant
ensoleillée.
Aujourd’hui, la voilà,
là mais pas là.
Elle plisse les yeux,
observe de loin,
reste cachée
derrière une énorme forêt
qui a poussé en un éclair.
Je pointe les arbres
et l’interroge.
Elle reste à l’affut.
Suis-je la proie
ou
la prédatrice ?
L’oiseau guilleret
s’est mué
en tigresse en chasse.
je ris de mon
impression
absurde.
Pourtant,
les regards restent
à distance
et inquisiteurs.
Que penses-tu ?
Que veux-tu ?
Je ne me livrerai certainement
pas
comme ça.
Je ne suis
pas
une vulgaire viande.
Je suis la tigresse
et tu es la gazelle.
Ma pensée s’envole
quelque peu,
Je la ramène
à notre table
pour reprendre
son objectivité.
Elle ne sort pas les griffes,
elle ne montre pas les crocs.
Elle protège ses
trésors,
elle survit
dans la jungle.
Je lui assure
qu’il y a des lois,
et que je les respecte,
comme tous les autres
jours.
Elle n’entend pas.
Elle survit.
Elle est devenue
un animal
qu’on traque.
La confiance est
interdite.
La tigresse ne se fie à
personne.
Elle chasse pour
sa progéniture.
Elle chasse pour son cœur et
ses tripes.
Elle ne s’approche que
par gestes et
paroles
convenus.
Elle n’offre
rien gratuitement.
Pourtant,
elle se plie à l’examen,
comme elle s’est
sans doute
pliée et repliée
une bonne dizaine de
fois.
« Voir si tout va bien »
« Estimer ce qui pourrait te convenir »
« Te comprendre et t’aider au mieux ».
Elle hoche et
elle a
sans doute
hoché
une bonne dizaine de
fois
la tête.
« Oui oui. »
Mais peut-être
sans le savoir,
elle sent qu’elle
est
sur
la sellette.
Elle sort
les boucliers
referment
les pont-levis.
Elle décidera de ce qu’elle
peut
et
ne peut
pas.
Elle reste
souriante
mais son visage
est froid.
Figé.
Glacé.
Elle n’a ni chaud
ni froid.
Elle s’est arrêtée.
Elle surveillera et
suivra
tous
mes
faits et gestes
pour
ne pas
se perdre.
Je me transforme
en gros chien
bonhomme.
Elle ne déroge pas
à son règlement
intérieur
du jour.
Je m’affermis donc
à mon tour.
Je neutralise la chaleur
habituelle
qui lui va bien.
Je reste sage.
Aussi sage qu’elle.
L’enfant sage que d’aucuns
croit docile
et qui cache
sa douleur
et toutes
ses idées
révolutionnaires.
Elle me fait
irrésistiblement
penser à
l’enfant sage
qui résiste
en silence,
les lèvres
serrées,
ouvertes pour laisser sortir
les mots
corrects,
jamais les siens.
Il n’est pas docile,
l’enfant sage.
Il n’a pas besoin de
bruit
pour être quelqu’un.
Il avale
et digère.
Il parlera
plus tard.
Quand tout le monde
sera
coi.
Elle est
aujourd’hui
l’enfant sage
qu’on n’attrape
jamais.
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