dimanche 8 mars 2015

A l'hamecon

Elle passe ses jours
menton levé ;
sur la pointe des pieds ;
sur la pointe du petit
doigt de pied
et annulaire;
aussi.
Le seul petit ne suffirait pas
Elle aspire cahin
caha
ce qu'il faut
pour faire mine.
Elle attend
la bagarre.
Elle attend
les coups
le sang
la chair.
Les bras le long du corps
ou autour de la taille
bien ficelés,
elle ne vit
pas trop fort.
Par hoquets
silencieux.
Elle ne peut pas laisser
les flux et reflux
fluides
et soufflants
s'exhaler
sereinement.
La sérénité est
une affaire des
plus bruyantes.

Elle a les
yeux en chasse
dès l'aurore.
Toujours à moitié
hors d'eux-mêmes,
mouillés,
prêts à faire feu.
Des yeux tic tac.
Ils se refermeront
sans crier gare.
Eux-mêmes
ne sont maîtres
de rien
à ce bord-là.
Elle sort du lit
déjà raide.
Encore plus raide
peut être
que le reste
du jour.
Car,
elle s'excite
la parfaite
opérationnalité
illico.
On lui exige.
On lui tire
le menton,
à l'hameçon.
Eh oui !
C'est exactement cela !
Elle n'est pas plus qu'un
poisson
...bloup...
...bloup...
à pêcher.
Elle est attachée
à l'hameçon.
Elle ne doit
donc,
bien entendu,
pas bouger
d'un poil
la tête
le cou
les lèvres
pour ne pas se fendre
en
quatre mille.
Les yeux tournent comme
les mouches.
Remplacent les cervicales
et font le tour
du monde,
et attendre
la bagarre
les coups
le sang
la chair.
On dirait qu'elle en
veut.
On dirait
presque
qu'elle sourit.
Mais non ! Imbécile !
C'est l'hameçon qui
tire.
On dirait bien même
quand même
qu'elle la veut
la bagarre
les coups
le sang
la chair.
Elle bave, regarde-la !
Mais non ! Triple imbécile !
C'est l'hameçon qui
l'ouvre.
On dirait bien même
quand même
oui ! Je l'affirme !
qu'elle en veut !
Hein tu aimes
ça les coups
le sang
la chair
la peur
la peau !
Les yeux vrillent
et perdent les pédales.
Prêts à épilepter.
Ulcérés de ces
insinuations
cruelles.
Un être absolument
Blanc,
pur comme un flocon
ou un agneau
d'une heure,
serait coupable
de plaisirs déviants.
Mon Dieu que les gens sont tordus !

Elle descend tous les
escaliers à tâtons,
heureusement la rampe !
puisque le menton
est tenu
en minerve.
Elle s'asseoit
à l'aveugle,
à demi,
sur les os,
sous la chair,
sous la peau.
Le sang remonte
au cerveau
pour ne pas toucher
rien.
Elle se nourrit
à côté
de l'hameçon,
dans un diamètre
œsophagien
réduit,
à plat
contre l'épine dorsale.
L'être
réduit au
maximum.

Elle attend
toute la sainte
journée
la bagarre
les coups
le sang
la chair.
Eh oui !
elle les attend
impatiemment
pour que l'hameçon
vire-
volte.
Loin de sa langue.
Les yeux se fermeraient.

La peur s'achève.
La bataille
enfin
fait rage.

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