vendredi 2 mars 2018

Derrière ton beau sourire


Il y a un mois,
d'un coup d'un seul,
Papa au trou,
celui que vous voulez,
le 31 décembre ce con ;
il y a dix jours,
Maman nous a quittés,
c'est-à-dire oui quittés
elle a claqué la porte
à coups de cachetons ;
hier absente,
le frère à Saint-Anne à gérer.
Jamais deux sans trois.
Ce n'est qu'une fiction ?
Qu'un texte ?
écoutez -bien ;
regardez-bien ;
souvenez-vous.
Voilà,
vous l'avez trouvé
cette réalité.
Continuons donc ;
elle revient aujourd'hui,
belle,
haute,
fière,
et gentille,
encore.
Egale à elle-même.

A la dérobée,
on peut la voir seule,
à son bureau,
le visage noir,
les rides enfoncées dans la peau,
au poinçon,
tailladée presque,
le visage ravagé.
Mais encore faut-il chercher.
Ceux qui non
s'étonnent :
«C'est une vraie machine cette femme !
  • Elle est sacrément courageuse !
  • Ouais, ben franchement moi ça me choque. Sacrément glaciale oui !
  • C'est vrai qu'elle a pas l'air.
Ils se retournent.
Elle est là.
Elle a mis bas les masques.
Ses yeux sont rouges de larmes et de rage
au bord des yeux et des lèvres.
Elle ne joue plus à rien.
Ils reculent.
Ils se taisent.
Elle n'a plus l'air du tout,
plus rien du tout.
Elle leur cracherait dessus,
la belle et gentille femme qui se dresse
devant eux,
l'insensible.
Elle est brûlante.
Elle ne bouge pas.
Ils reculent encore.
Elle ne bouge pas encore.
«Choquant ? Qui est choquant ici ? »
Elle hurle : « Qui est choquaaaaant ? »
« Bande de connards.
Les apparences vous suffisent hein ?!
Ce n'est faute d'être
prévenus à ne pas
y croire.
Mais vous vous contentez d'un masque
et d'une allure,
d'un habit
et d'un sourire.
Pauvres débiles profonds !
J'ai honte d'être votre congénère. »
Elle se dirige lentement vers la porte
et lance pour finir :
«Et si j'avais sauté ? »
Elle le regarde
par-dessus son épaule,
les larmes inondant son visage
poli et ses yeux
calmes.
Qui es-tu ?

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