"La flaque de soleil" et apparaît comme un paradis, un rond liquide humide et chaud, jaune dOr. Pas un rond, un ovale, un ovale parfait. Comme dans les film se science-fiction et leurs portes du temps qui aspirent le héros.
"La flaque de soleil" et le film vu hier où une flaque de sables mouvants oniriques ouvre sur un monde sous-terrain.
"La flaque de soleil" et je me remémore toutes ces fois, dernièrement, où je me suis promis de tirer les vers aux nez et à la barbe de tous les mots qui cognent, qui m'éveillent, dans le même ennui quotidien. Je n'ai pas noté cette importance à accorder absolument à ces instants d'incohérence, de décalages, ces tout petits moments psychotiques, délirants, délicieux, qui me font font sentir moi comme une madeleine pour Marcel, une fugacité cohésive, je ne suis personne d'autre que moi, au lieu de tous les autres longs moments de conscience où je suis un peu de tous ceux qui m'entourent dans un même sac qui est censé dire je, un sac trop grand trop petit, trop étanche ou trop fin, un sac jamais exactement comme il faut, comme je voudrais, comme le noyau moteur de mon être le dicte, ces tout petits moments qu'on efface rapidement pour poursuivre sa tâche. Ils sont pléthores en une longue journée, dans tous les paysages que je traverse, dans toutes les températures, humidités, odeurs, émotions. Ces idées absurdes qui viennent au ton d'une voix, au rire d'un collègue, à un mot plus haut qu'un autre, à la lecture du livre de la semaine, en plein milieu d'une réunion, à la montée du bus, en s'habillant le matin. Incroyablement fertile que ces courtes secondes d'intimité avec le corps qui ponctuent la vie. La douche et son cortège d'inquiétudes et agréables fantasmagories. L'habillage et l'inlassable retour sur le passé, toutes les étapes de l'immense processus de transformations formidables jusqu'à nos jours. Et je passe comme tout le monde une grande partie de mon temps vécu au travail, à faire, à accomplir, à ordonner, à organiser (le moins possible, c'est déjà trop !), à tuer pour atteindre le soir, la fin, presque la mort dans le sommeil, non pas parce que je suis une irrattrapable dépressive, mais parce que ce sera enfin ma vie que j'aurais le droit de penser. Ma vraie vie, pas celle qu'on me vole à faire, à construire du vent. D'aucuns diront que c'est beau de penser, de rêver, de s'aventurer dans les mots et toutes leurs sinuosités, de s'émouvoir d'art et d'histoire, mais que ça ne fait pas avancer. Je leur répondrais que c'est bien la seule chose qui me fait avancer et que je serais honorée et heureuse d'y consacrer mes jours ouvrés ou non.
Et "La flaque de soleil" dans son contexte refait surface. Une mère baignée dans ses pieds jaunes éclatants qui font blondir ses cheveux noirs. Ce n'est en aucun cas la mère de l'héroïne que je vois là mais bien la mienne et sa blondeur, et sa longue place au soleil, le temps pour moi de grandir et décoller.
"La flaque de soleil" que j'aurais envie d'abréger en dessins d'étudiante pressée qui schématise les strates et formes du langage. Ces 🌑 de ☀️dans toutes les notes prises à l'université, le regard de ma voisine et amie qui déchiffre ma polyphonie solitaire. Cette complicité entre nous, ce regard souriant, bienveillant comme peu, qu'elle m'adresse à la vue des mes hiéroglyphes.
Cette flaque de soleil, expression innocente, image lue et relue, pas pour autant flétrie, est un de ces moments de folle et fou.
Plus longue, plus intense et plus vraie, ma flaque de soleil serait attrapée comme un symptôme par les savants docteurs et je serais malade, une patiente qui délire.
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