La faire taire
Lui clouer le bec
Lui écarquiller les paupières
Et exhauster l’odeur
Les couleurs
La matière
Toute qualité
Intangible
Interprétable
Intolérable
Apparemment
Car inversé
Projeté
Propulsé
derrière le mur du son
et des images
dans le chaos intime
d’où tout resurgit
sens dessus dessous
échevelé
la femme est homme
la victime est bourreau
l’insulte est compliment
le coup est retourné
plus le piment des
à-côtés
multiples condiments
inventés.
On écoute
L’univers se retourner dans sa tombe
Pourtant
Habitué
des mensonges humains.
Mon univers
Se rétracte
Crispe
Tend
A l’extrême
Pour ne pas
Rire narquoise
Ou sourire méchamment
Ou me moquer...
Impossible moquerie,
Degré zéro du discours
Du signifié
Ejectés toutes les subtilités
De langue et troc de mots.
Degré zéro
Plus tôt que nourrisson
Rien dessous
Rien derrière
Les mots abrupts.
J’allais dire
Vides
Vidés
Evidés
Emondés
Mais aussi
J’allais oublier
Noués
Fermés à l’éclair
Bouche cousue
Les bavards.
Une position
Rocambolesque,
On n’en perd tous son latin,
Une position
Simiesque,
Non toujours pas !
Une position
Arabesque
Sans art,
Une position
Burlesque.
Nous y voilà.
La tête sur les épaules
Mais le regard tourné
Vers l’horizon du dos,
Le tronc qui ne dévisse pas
De son axe planté,
Le cou va se casser !
Mais non, l’humain solide.
Les jambes en tailleur
En fakir,
Sans clous
Et encore, c’est une affirmation
Sans preuves,
Les clous sont peut-être
En invisibilité
Mais bien piquants.
Se cachent
Sous les lettres
Et leurs grappes
Absolument opaques
La machinerie qui
détourne
Retourne
Entourloupe
Sans mauvaise intention
Instrument de survie
Exaspérant.
Je voudrais
La fouler aux pieds
L’éradiquer
Qu’elle stoppe
l’infernal
isolement
aveuglement
l’immense
malentendu
qui pourrait
chauffer
mon propre réseau
jusqu’à sauter les plombs.
Je me perds
Face à face,
Je ne vois qu’un cou tordu
Un torse en mal
D’air
Et d’ordre ;
Le bas est inerte
Tout faux mouvement
serait fatal.
J’écoute, j’entends, je recule sur ma chaise, je tournicote sur son pied, je me berce, je ne peux pas rester immobile en place. J’ai accueilli la jeune femme comme les autres, relativement apaisée, tentant d’écouter la plainte, la demande, la douleur et les tripes. J’attendais davantage de patience de ma part. Rapidement, est montée une rage contrôlable mais puissante. Je ne l’ai pas pensée, je l’ai contenue, incapable de plus sur le moment. La rage et sa cohorte de nervosités m’enveloppent et rit de mon calme hypocrite. Bienveillance nécessaire, je n’ai pas le choix, pas le droit de lui claquer la porte au nez, je m’en réjouis. Je pourrais me faire peur. Je pourrais dépasser mes limites. Je pourrais sortir les griffes et tout l’épic, avec venin porc-épic de l’Himalya, infecteur sans bouger. J’aurais plutôt envie de la secouer, par les bras et que les lentilles, les couches accumulées de lentilles rouges jaunes vertes à petit pois qui masquent sa vue tombent à mes pieds, forment un petit tas mesquin mais inutile désormais et que je les jette brusquement dans les toilettes adjacentes.
Cette obscurité, cet obscurantisme, pourraient me rendre folle, pourraient m’épilepser. Je suis la saine d’esprit, ou la représentante, à défaut d’un être humain réellement sain d’esprit existant sur cette terre. Elle me demande mon avis, elle veut que je défende son point de vus obtus et absolument égocentré.
Elle est la victime, me dit-elle et je vois une furie qui agresse tout ce qui l’approche par n’importe quel bord.
Elle est la droiture et l’honnêteté, me dit-elle, alors qu’elle se glisse dans un minuscule couloir qui ne concerne qu’elle, qui ne prend que sa forme, à elle, singulière et unique.
Elle a compris le jeu, me dit-elle, alors qu’elle a inventé le sien.
Elle veut venir en aide, me dit-elle, alors qu’elle creuse dans les blessures.
Les autres sont bizarres, me dit-elle, alors qu’elle délire à plein tube.
Se taire et attendre.
Tête à l’envers du monde paranoïaque.
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