Elle s’oublie
elle se perd
chaque semaine
chaque jour
chaque minute.
Les autres sont
sa mémoire
son carnet de bord
et elle ne les croit pas,
elle ne s’y fie pas.
Les autres sont
soupçonnables
ou
insoupçonnables.
Impossible
à définir.
Les autres
comme le fait.
Rien ne se range
dans la bonne case,
rien n’obéit
à son bon vouloir.
En a-t-elle un d’ailleurs ?
Possède-t-elle quelque
chose ?
Rien n’est moins sûr.
Parfois même
elle disparaît
à ses yeux,
elle s’évapore
dans tout le reste,
ce qui l’entoure,
ceux qui l’entourent.
Elle tangue,
le vent du monde
fait ce qu’il veut
de son être,
elle n’a plus prise
à rien,
elle est tête à l’envers,
elle est pieds dans l’oreille.
Et c’est là
que les autres
se mettent
à jouer
avec
elle,
elle devient leur
balle,
légère comme une plume,
pourtant la douleur est une
enclume.
Elle cogne
de l’un à l’autre.
Elle ne sent rien de ce qu’elle
pourrait être
mais les autres
lui hurlent
qu’elle pèse.
pour eux,
elle est une monstrueuse
épine,
une énorme écharde
mal placée.
Ils n’arrêtent pas
de la décaler
pousser
redéposer
lancer
renvoyer
et elle ne trouve jamais l’endroit.
C’est elle qui devrait
peut-être
leur dire où est
son endroit.
C’est ce que font les autres ?
Elle ne sait pas
où elle doit être.
Elle ne sait pas
où est son lieu
où se cacher
où sa tanière
son repaire.
Elle est un animal sans meute,
un bébé sans berceau
un membre surnuméraire.
Elle n’est ni bien
ni mal
ni là
ni ici.
Toujours là-bas
et jamais assez
loin.
Toujours trop près
et jamais ensemble.
Elle est une solitude
à elle toute seule.
Elle tournicote,
pas de virevoletage
qui sonne joli et élégant.
Elle échappe à tous
les codes
à toutes les règles
et ce n’est pas
sa liberté.
C’est son immense douleur.
Elle ne rime pas
avec rien
ni personne.
Et encore moins avec elle-
même.
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