Le corps voudrait exploser en mille morceaux quitte à se désintégrer.
Le corps voudrait éjecter les pincettes et autres précautions, désormais inutiles.
Le corps voudrait s’éventrer et tirer loin sa langue, un énorme bah qui écœure tout le monde.
Le corps voudrait vomir tout ce qui n’est pas dit.
Il tambourinerait sur la poitrine des injustes avec des poings démesurés, grandis grandis jusqu’à atteindre sa colère et leurs poumons.
Il taperait sans compter sans égards après toutes les douceurs raisonnables accomplies, imposées, flagellées.
Il hurlerait sans échauffement sans peur de briser en plein vol les cordes vocales et les tympans.
Toutes ces vibrations au-delà du seuil d’existence, élancées comme des fusées en furie dans le méchant noir de l’univers. Elles n’ont plus peur de rien, rien rien du tout, pas même du rien avaleur.
Le corps deviendrait fou en feu en flammes de haine saignante.
Souvent il pourrait.
La tête le rêve avec lui, le corps la libère tout de même de ses propres circonvolutions.
Le corps et ses pieds et poings pourrait trouer les crânes trop durs et les paupières baissées comme des ânes.
Le corps qu’on dit si abruti et sans arrière, serait celui qui ouvre les portes et réenclenche les marées.
La bouche qui enfin respire à nouveau.
Les yeux qui tiennent en place à leur hauteur et non plus collés au bitume.
Les mains qui se remettent à ramasser.
Le ventre qui regonfle et se vide.
Le nez qui reprend forme humaine.
Les jambes qui s’arc-boutent et s’enracinent.
L’oreille qui chante et pas seulement les bruits.
Les pieds qui finissent le travail, comme il se doit en bout de chaîne, quel que soit le sens que l’on prenne.
Le corps pourrait se désagréger jusqu’à la plus infime de ses particules vivantes.
Le corps pourrait crever tous les abcès de toutes ses vies.
Le corps pourrait utiliser tous ses membres et affiliés pour mener à bien sa mission de kamikaze.
Jusqu’à la fin.
Sans considération pour l’absurdité d’une victoire de sacrifié.
Le corps pourrait être monstrueux bourreau et infinie victime.
Sans aucune limite.
Sans aucun sens.
L’expiation pure.
Le corps pourrait être le plus fous de tous.
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