lundi 20 octobre 2014

Le petit animal

Dégripper
l’animal
l’ours
griffu
accroché aux
entrailles.
S’accroche
tant
et
tant
qu’il
arrache
des
tranches
et
côtes.
Attaché
comme
un petit
effarouché
effaré
du monde
ébloui
bouche bée
sans les mains
sauf pour attraper
la fourrure
de la maman
qui
protège.

J’ai un
petit animal
griffu
accroché aux
entrailles.
Parfois,
il se hisse
jusqu’au cœur
et la gorge
et beurk !
ça fait des poils
dans !
la bouche.

J’ai un
petit
animal
griffu
terrifié
attaché
à
mes tripes.
Il
s’y
pendra
jusqu’à la
mort
pour ne
pas
finir
seul.

J’ai
un
petit animal
vivant
griffu
fourré
dans
ma
vie
à moi !
et que je n’ai
pas
enfanté.

J’ai un petit animal griffu
au fond du ventre
et jamais jamais
je n’ai accouché de ce bébé
bête.
Jamais jamais
je ne l’ai laissé sortir
avec tous ses poils
et ses pattes velues,
il est toujours toujours
resté accroché,
il sertit mes entrailles
et prunelles.
Parce que oui !
il est aussi derrière mes yeux,
il a tous les membres de Shiva
ou il saute instantanément des uns aux autres
en un éclair de foudre.
Il sertit mes tripailles
et mes prunelles.

Les jours
les bras
ne se lèvent plus,
où les manches
retombent
aux genoux
mollassonnes,
j’ai un
petit
animal
tout contre
mon dos,
son dos
dans le mien,
protégé par ma carapace
de corps.
Il est juste
logé
entre ma cage
et mes peaux,
au milieu des muscles
qui lui font
une place.
On se protège,
tous les deux.

J’ai un
petit animal
griffu
et assoiffé
au creux
de mon être,
que j’ai voulu
tuer,
que j’ai cru
démon.
J’ai voulu
peut-être
même
mourir
avec lui
pour ne pas
le voir.
Pour lui et
contre lui.

Un jour,
quelqu’un
qui me voulait du
bien,
quelqu’un
qui m’a
relevé la tête
ouvert la bouche
m’a dit :
console l’enfant que tu as été,
ne la déteste pas ;
personne ne pourra plus faire cela à ta place ;
c’est à ton tour désormais.
C’est devenu mon petit animal
griffu.
Je ne l’ai pas aimé,
je l’ai encore haï
de longues longues années.
Mais je ne l’ai plus trouvé
aussi tordu
aussi poilu
aussi foutu
qu’avant.

J’ai
au centre
de l’univers
un petit animal
qui jamais
ne cèdera
sa place
à côté de mon
air.
Il ressemble à
un koala
marron
et moins beau.
Il ressemble à un singe
aux long bras
aux grands pieds
qui monterait
au plus haut des arbres
de sa forêt.
Il est agile comme pas deux.
Il est parfaitement
flex.
Il a de grands yeux noirs
toujours ouverts
toujours humides.
Il attend quelque chose
ou quelqu’un.
Il aime les embrassades,
les regards qui le mettent debout,
même si ses bras
traînent la poussière.
Un jour,
il dit
qu’il sera même
capable
de se tenir
droit
seul ;
comme une plante
bien poussée.

Maintenant,
les jours où
mes larmes
sont au bord,
des heures durant,
mon petit animal
s’agrippe à moi
et me serre
fort ;
il me dit :
n’oublie pas d’où tu viens,
et il ne pleure pas.

Et c’est lui qui s’accroche
mais c’est lui mon totem.

Et c’est lui qui s’attache
mais c’est lui mon sherpa.

C’est lui le tout fragile,
et c’est lui qui résiste
aux plus
méchantes
noyades.

Les jours
où l’eau
s’engouffre
comme une folle
dans mes poumons,
le petit animal
se fait
exaspéré
King Kong
et rugit
de colère.
Paraît qu’il m’appartient.
Paraîtrait
même
que je suis lui.
Mais je me sens trop seule
s’il ne m’agrippe
pas.
Je préfère caresser
mon
petit
animal.

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