samedi 22 avril 2017

La mise à mort (4)

Elle se meut
au Nouveau Monde
comme un poisson dans l'eau.
C'est ce qu'elle
attendait.
Elle est un peu tout
à la fois.
Tout le monde
et personne.
Elle n'est plus
forcenée,
cadenassée
à cette fille qu'elle déteste
et que les autres prennent
pour elle.
Elle est ce qu'elle veut,
les autres voient
eux aussi
ce qu'ils veulent,
toutes différentes.
Chacun la leur.
Chacun selon ce qui les anime.
Elle n'est plus que miroir,
pure surface de réflexion.
Elle découvre.
Elle jubile.
Les autres se révèlent
à son contact
de toutes les couleurs
possibles
et imaginables.
Elle ne s'extasie
pas encore.
Elle ne peut
ps encore.
Elle a d'abord besoin
de sentir son pouvoir.
Elle pourra admirer
plus tard,
beaucoup
plus tard.
Cependant,
elle comprend mieux.
Elle est
enfin
dans son milieu naturel,
elle ne se préoccupe plus du
moindre de ses
mouvements,
même imperceptible.
Elle est en jungle
mais elle est agile.
Elle se fait confiance
et elle peut largement
longuement
observer les autres
et ce qu'ils sont sûrs de voir,
qui n'est que ce qu'ils croient.
Elle est perturbée
parfois.
Une image ou l'autre la dérange.
Vite, elle en fait fi.
Elle passe à la suivante.
Balaye.
Vous vous dites,
peut-être,
que c'est terrible,
ô terrible,
de n'être personne
ou tout le monde,
tout pareil.
Vous vous trompez.
C'est la libération
absolue.
Elle construit ce nouvel être.
Elle en fait ce qu'elle veut.
Elle dispose d'elle-même
et des autres.
Ah oui c'est un monde sans cœur.
Sans aucun doute.
C'est bien le but,
vous répondrait-elle.
Plus de cœur
et la vie commence enfin.
Plus de sourires
et de plaqué or.
L'intelligence,
la pertinence,
la réflexion.
Voilà tout.
Et la jungle est parfaite.

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