jeudi 20 avril 2017

Le juste bord de ma falaise

Au juste bord
de la falaise,
j'ai toujours cru
à la limite à
pas franchir,
sous peine de
suicide.

Tout juste au bord
de la falaise,
je me suis souvent
approchée,
penchée,
puis redressée
pleine de haut-le-cœur
protecteurs.

Quelques années durant,
je n'ai plus senti
la falaise,
ni son bord,
ni l'à-pic
et le grand canyon au fond.
Plus rien senti en fait.
Tout était plat.
L'encéphalogramme presque.

J'ai longtemps cru
m'être alors
jetée courageuse
du haut de ma falaise.
Ce n'est pas ce que j'ai fait.
J'ai détruit la falaise
et sa raison d'être.
J'ai détruit toute dénivellation
pour une plaine parfaite.
Je n'ai pas vu
que je n'avais pas résolu
le bord de ma falaise.

La falaise s'est refait
une beauté,
avec les hauts et les bas
de la vraie vie.
La plaine parfaite a rendu les
armes,
épuisée de
platitudes.
La falaise
bien sûr,
n'était plus tout à fait la même.
Mais elle avait gardé
son juste bord
et son terrible précipice.

J'ai recommencé à craindre
la béance,
l'espace du trou,
l'ombre d'en-dessous.
Mais je savais,
si besoin était,
réaplatir mon monde.
Jusqu'au jour où
cela n'a plus eu
assez
de sens.
Jusqu'au jour où
j'ai pensé que
peut-être sait-on jamais,
le bord n'était pas
la limite fatale.
En tout cas,
plus.
Que le bord était
peut-être sait-on jamais,
la limite
à franchir.

L'idée qui revient comme un boomerang.
L'idée qui se retourne comme une chaussette.

C'est quand j'ai dit :
« Arrête tout et écoute. »
les bras ballants,
une immense vague de la douleur
s'abattant sur moi
sans que je bouge,
mais que je la regarde
droit dans les yeux
et que j'écoute
ses battements,
véritablement courageuse,
cette fois,
que j'ai vu le tout juste bord
ne plus être
si fatal
ni si
vertigineux.

Je pense
en deltaplane,
en montgolfière,
en parachute,
ou à mains nues le long de
la paroi
si familière
et parfaitement
méconnue.
Jamais à l'élastique
Mon Dieu !
Ca fait peur.
Ca casse les bras et les jambes de peur.
Ca donne envie de dormir toujours.
Mais l'espoir aussi
d'être droite dans ses bottes,
la tête sur les épaules,
les sourcils apaisés,
les lèvres claires et nettes,
avec les vrais mots
et
les vrais sourires.
Que la fuite insensée cesse !
Je ne suis plus la proie
du bord de ma falaise.
Elle est désormais
mon tremplin
et zou triple salto
et jusqu'au bout du monde !




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