dimanche 23 avril 2017

Le grand sac magique

En Merlin l'Enchanteur,
grand sac magique sous le bras,
il faut rapetisser
chaque cœur en corps
qui m'aime
que j'aime
pour les fourrer
dans le fameux cabas.
Impossible de quitter
le nid douillet
vraiment seule.
Impossible où alors
tout peut arriver,
et je ne garantis plus rien.
Il faut les avoir là,
tout près,
dans le grand sac magique,
tous tout petits
minuscules
mais puissants
comme des poupées vaudous.
Ils resteront à mes côtés
du matin au soir,
je les redéposerai,
leur donnerai leur congé,
une fois rentrée
au foyer,
une fois en sécurité.
Mais avant cela,
ils ne me quitteront pas,
du moins ne seront jamais loin
dans mon grand sac magique.
Ils disent qu'ils sont là,
avec moi,
et qu'il faut que je les garde à
l'intérieur de moi.
Mais j'ai peur de les manger
tout crus,
de ne plus savoir les aimer
et respecter.
De toute façon,
tout est verrouillé
du dedans.
Ils ont beau toquer
tenter d'amadouer
ou tabasser
cette lourde porte,
rien n'y fait.
Ils restent dehors,
derrière les douves,
le pont-levis
sans appel
et rouillé
qui plus est.
Alors, c'est un bras armé d'une baguette qui
s'allonge monstrueusement,
au-dessus des murailles,
de la porte,
du pont-levis,
des douves,
et
se charge d'aller
enchanter,
rétrécir,
entasser
et porter,
toujours,
(très pratique!),
par-dessus tout l'attirail guerrier,
les cœurs en corps
qui m'aiment et que j'aime
pour me protéger.
Heureusement qu'on a deux bras !
dirais-je.
La pirouette qu'on doit
pour ne pas chialer
sur son sort.



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