dimanche 23 avril 2017

Voyage au centre de la tête


Auto-trépanation
de découverte,
on scie le cou,
il cède facilement,
on doit bien viser pour que
la tête ne branle pas
une fois posée
sur la table chirurgicale.
Pas trop haut ni surtout trop bas.
La suite de la manœuvre,
ouvrir en deux,
comme un avocat mûr,
depuis le temps qu'on vit
il doit l'être,
et observer tout cela.
On aura,
bien entendu auparavant,
pris soin de raser
toute la chevelure
inutile.
Cette façon-là donne à
voir
peu de choses,
on croyait que c'était
la meilleure.
Mais le crâne
et le cerveau
ne sont pas
un gros avocat mûr et sa peau.
On en profite
tout de même
pour admirer
toutes ces circonvolutions
incompréhensibles.
Elles forment de sacrées
ou satanées
arabesques.
Qui sait …
On est un peu
embêté
alors
parce que comment faire
sans tout foutre en l'air ?
Et puis,
cette fois-ci,
comme un melon aux tranches
prédécoupées,
les pointillés sautent aux yeux.
On va avoir de beaux quartiers
huitièmes,
seizièmes,
on n'en sait rien,
ce n'est pas scientifique
notre histoire,
c'est de le pure découverte
de néophyte.
Parce que cette tête commence
à casser
les pieds,
pour être poli.
Bref,
le melon découpé,
ça n'entache en rien notre humilité
bien sûr,
c'est juste une image,
personne ici ne s'est pris pour
un melon.
On précise,
il est trop vite fait de juger.

Apparaissent là
les torsades neuronales
et tous les clignotants
intracrâniens.
Une multitudes de voies,
qui se coupent et se recoupent,
comme ces images des axes
à grande vitesse
des mégalopoles
surcirculantes.
Dans tous les sens,
bien plus qu'un stroboscope,
bien plus que toute la terre
tous feux en marche.

Ca rayonne dans toute la pièce,
ça danse et ça chante,
parce que
oui
il y a aussi du bruit.
Ça fourmille,
ça frétille,
ça turbine
à tout va.
Ça fascine.
Ça force le respect.
Ça fait peur aussi.
C'est un univers
incontrôlable.
Bien trop.

Il y a
enfin,
tout au cœur
de cette folie,
un petit feu follet.
Un tout petit
feu
june éclatant,
brûlant presque comme
le soleil.
On s'approche
et il parle.
Il dit :
« Je ne suis rien sans mon corps.
J'ai l'air si fort
si formidable...
Mais je ne suis rien sans mon corps.
Que personne ne nous sépare ! »
On regarde cette force-là
qu'on croyait
autonome,
c'est vrai.
Mais c'est évident,
elle sait
ce que l'on sait aussi
et qu'on n'a pas toujours envie
d'admettre.
Elle remet les pendules à l'heure
la petite boule de feu.
Et on jette un dernier coup d’œil émerveillée
avant de refermer
le tout,
qui n'est rien sans le reste,
finalement.

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