Il y a dès le départ, peut-être
pas en nourrisson mais dès tôt très tôt ceux qui croient en eux
et les autres. Permettez-moi cette théorie excessive sans nuances
bien subtiles . La théorie qui fait du bien, qui marche quand la
victime se sent proie absolue, la théorie des camps. Je corrige un
peu le tir, trois camps seraient plus justes même si, moins
satisfaisants pur la rage de l'impuissant à bout de force. Le camps
des mi-douteux. Il y a aux deux bouts de la chaîne les confiants,
ils se savent légitimes, ils ont le droit, d'exister, d'agir, de se
mouvoir dans le monde comme ils le sentent, ils sont les égaux de
leurs semblables voire parfois leurs supérieurs et n'ont pas peur de
le dire ni de le penser. Le dire est beaucoup plus aisé que de le
penser comme chacun sait. Ils croient, on en revient à cette fameuse
foi d'il y a quelque temps, quelques pages, ils ont foi et
s'enfoncent dans leur sol sans jamais s'y noyer ni s'y voir
enchainés. Ils en sortent, y reviennent à l'envi, ils sont souples
et libres de leurs pirouettes. Ce ne sont pas les plus créatifs. Ils
n'ont rien besoin de créer. Tout est à disposition. Et pus, à
l'autre bout du monde, il y a ceux qui se surprennent chaque jour à
exister encore, se réveillent éberlués d'être là, de résister
aux tempêtes quotidiennes, connues d'eux seuls, minuscule grains de
sable pour les Confiants, inaperçus. Chacun vit midi à sa porte.
Rien n'est entièrement partageable, oyons honnêtes. L'humain nage
dans le malentendu et parfois, ces malentendus sonnent bien, accords
audibles et l'on s'aime. Mais la plupart du temps, ce sont des
concessions à faire pour finalement oublier d'admettre qu'on n'a
sûrement rien compris la même chose que son interlocuteur. Bref, il
y a les malentendus qui fonctionnent et l'immense majorité de ceux
qui frictionnent et feu et guerre et tout le tralala arrivent. Les
Douteux, ceux qui restent chaque matin, quand le matin est possible,
devant leur miroir, quand le miroir est possible, bouche bée devant
leur reflet. Ils peuvent douter d'absolument tout, de chaque parcelle
de leur être. Vous vous dits que ce sont les torturés, les fous,
les schizos en puissance. Peut-être bien. Ils sont loin d'être
isolés mais ne se connaissent pas. Ils se reconnaissent parfois.
Mais leur combat est surtout celui, comme Patate qui trouvera
prochainement son nouveau nom, de protéger leur cœur. Ils n'ont que
faire de trouver leurs pairs. Ils voudraient surtout n'en pas être.
Les Douteux doutent, redoutent, et tentent les limites, cherchent
l'issue ou se recroquevillent quand le béant est trop mortel. Les
Douteux que les vrais Confiants, disons-le sans ambages, bien souvent
méprisent ou du moins plaignent. Les jeunes Douteux légumescents
qui se demandent si toute la vie sera faite de jeux d'équilibriste
admirables pour les seuls spectateurs, beauté révoltante pour les artistes.
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