lundi 26 août 2013

Accidents (1) ; ballet de charognards

Se déroule sur tout le pourtour interne de mon crâne le bandage infini, couche après couche.
Toutes les secondes, on s’écrabouille dans mes lobes.
Le monstrueux carambolage d’un camion et d’une toute minuscule voiture. Un shbam tonitruant qui fait trembler les murs. L’autoroute en pagaille, encastrement multiple.
Le camion est monté sur la pointe des pieds, tour girouette au ralenti, appui sur un coin de phare, équilibre ténu. Le souffle on le retient. Silence implacable avant la réception qui déterminera la réaction du jury.
Les yeux rivés en l’air en lieu et place du goudron. Tête à queue, titubations, zig-zags, peintures abstraites en caoutchouc de pneumatiques.
Puis, mastodonte s’abat comme une baleine mâle en séduction, découvrant sa virile nageoire et son ventre prometteur. Les yeux tout ronds et les bouches en langues saliveuses se ferment et disparaissent sous le choc
ou se perforent de bout en bout. Il n’y a plus ni queue ni tête.
On en découvre une tour de véhicules tous plus lascifs les uns que les autres, parfaitement impudiques, au vu et su de tous. Bien entendu, on ralentit dans l’autre sens pour admirer la big partouse. Pas prévu le plan cul en famille au retour des vacances. Ca augure pas si mal de l’année à venir. Eh ! un peu de tenue ! on dirait des fauves assoiffés de sang. C’est pas la jungle ! Vindiou !
Les eeennnfaaannnts ?? On ferme les yeux bien fort ! Comme Maman ! Où ça ? Où ça ? C’est où Papa ? Rôôôô ! Ca avance pas. Ils vont me faire des cauchemars pendant une semaine avec ces bêtises !
Pin pon ! Pin pon ! Dégagez sales vautours !
Le cirque !
Branle-bas de combat. Succèdent aux arabesques élégantes et imprévues des danseurs du premier round, les diagonales efficaces et parallèles des secours. Ca casse les courbes, tu trouves pas ? Mais bon ! Ca diversifie, on perçoit bien les deux mouvements de l’œuvre ; en contrepoint. Bien sûr, c’est plus net vu de l’hélico. En fait au fond, c’est toujours la même chose. Le hasard invente, innove éclate dans le réel et on déconstruit tout ce beau travail spontané, sous couvert de rationalité bien-pensante. Ce monde n’a plus rien de fougueux, vivant ; plus d’émotions. Retrouvons l’émotion ! (un air de diva éplorée), dixit l’intellectuel désigné pour la journée.
Je t’offre généreusement la bande infernale mon vieux gars. Tu vas voir si elle te plaît
l’adrénaline à temps plein.
Le coup de jus à tous les battements de cœur.
Percussions assurées, H24, 7/7.

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