jeudi 29 août 2013

Effet miroir

Je lui arracherais les lèvres et les paupières si je le pouvais, si j’étais folle.
Je lui interdirais de plus jamais se cacher derrière ces parois à portée de tous. Honteusement faciles.
Je l’agenouillerais devant sa vérité, sans voiles et sans grillages ; et il s’écoeurerait de cette injuste farce.
Il ne pourrait pas croire à ses aberrations, au gras dont il nous gave malhonnête fallacieux.
Je me prendrais pour Persée et je brandirais la glace ; il serait étourdi par ses prétextes futiles.
Je hurlerais, de rage et d’années rongeuses, ses mensonges savonneux et ses fables de lâche.
Je miroiterais sa haine, en croyant l’inventer et je l’écraserais jusqu’à ne plus rien voir qu’une limace frileuse.
Il se prosternerait avouant tous ses torts, sa tendre humanité et son cœur lourd et faible.

Et me voilà toute nue, désolée et aveugle, tour et tour sur moi-même ne sachant plus quoi vivre, jusqu’à l’âme efflanquée.
Et me voilà vengée, revancharde victorieuse, monstrueuse perdante, roman effiloché.
Et me voilà coupable victime et juge, cousue dans ma prison invisible sans odeur et sans toit, aux lois éreintées effritées.
Et me voilà face à mon dur reflet, sûre de voir un sanglier fumant, hypnotisée par une stupide biche effarée.

S’amorce la longue quête, inverse, assise à ses côtés, le long des émotions et des liens effacés.

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