lundi 19 janvier 2015

Amours malentendues

Trompée par la vie
comme l’idiote du village
la princesse dans la boue.

L’homme, le prétendant,
celui qu’il fallait à tout prix.
Tu n’auras plus jamais cette chance ma fille !
Elle a plié.
Pour l’une des premières fois de sa vie.
Elle l’a regretté toutes les années
qui ont suivi.
Peut-être pas tous les jours.
Non qu’elle ne se soit pas mise à l’aimer.
Bien au contraire.
A l’admirer aussi.
Mais.

Il l’aime de tout son cœur.
Il l’adore.
Il la vénère.
Il ne sait respecter personne.

Il est le roi absolu
et la princesse n’a de place
que
minime
dans cette pyramide-là.
Elle est vouée à l’échec et mat.

Elle fait semblant de se dresser comme la Tour.
Elle souffle et rue comme le Fier Bourricot.
Elle louvoie comme le Fou.
Toutes les stratégies sont matées, écrasées dans l’œuf.
Ses gesticulations et sa résistance agacent le Roi.
Mais le Roi est nécessairement le dernier victorieux.
Les dés qu’on ne voit pas ;
les dés sont absolument pipés.
Elle cherche ces satanés dés parmi toutes les pièces.
Elle ne les découvrira jamais.
Ils sont aux mains du Seigneur.

Trompée par la forêt
et son père.
Comme Candide guilleret au voyage.
La belle enfant déchirée.

Elle crie, elle hurle
Non et Non
Ecoute-moi ou je ne dirai jamais Oui ;
fais-moi ta Reine ou ta Tour
pour un jour.
Sois mon cavalier
un tout petit jour.
Ne me laisse pas
pioncer
comme un pigeon sans cervelle.
Je ne peux que hurler
Non et Non
pour te faire reculer,
pour te faire lever tes
sales pattes, tes griffes
de Roi
et me regarder.
Non et Non
pour que tu m’entendes,
pour être quelqu’un.
Pour ne plus être ta chose.
Ton éventail.
Ton accessoire de luxe.
Regarde-moi.
Baisse tes yeux de ciel
sur moi.
Prends le courage de
me voir
et d’entendre.
Prends le courage
d’entendre d’autres voix
que celle du Roi.

Il l’aime de tout son cœur.
Il l’adore.
Il la vénère.
Il ne sait respecter personne.
Il haïra jusqu’à la fin celle qui lui
fend le cœur
sans arguments.
Elle ignore qu’elle pourrait être Impératrice.
Qu’il ne peut pas lui laisser place.
Qu’il ne saurait que tout la lui livrer.
Qu’il n’écoute ni ne regarde pour ne pas être rat.
Qu’elle est bien trop puissante pour qu’il
la déchaîne.
Il enchaîne son trésor.
Elle se libère dans les bras d’un autre homme,
des autres hommes,
de tant d’autres hommes.
Elle les caresse.
Elle les fouette.
Elle les fait asseoir et lever le museau.
il faut que ce soit avec d’autres.
Pas ! jamais ! avec lui.
Il l’a aimée comme une apparition.
La princesse de papa.
au beau milieu de la campagne inculte.
Son cœur a joué des mauvais
tours et elle s’est muée en
reine noire.
Il a épousé son maléfice.
Il s’est lié à son malheur
et à son cœur.
Il a eu beau lacérer
tous les acteurs de ce drame,
ils l’ont poursuivi
jusqu’au bout des grandes nuits.
Il a lutté contre le vent.
Elle a continué de croire qu’il était bien
le Roi.

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