J’écoute et j’entends que
l’homme est un amas d’additions et soustractions.
De multiplications et divisions
quand on est enclin à une folle complexité !
Et tout s’explique donc bien gentiment.
Et on dort sur ses deux oreilles.
On a trouvé la solution,
comme à la petite école.
parce qu’il y a une solution
bien entendu.
Et,
Oh grande subtilité qui fait croire intelligent :
« Pas de généralité s’il vous plaît !
Chaque individu est différent !
Adaptation adaptation !
alors mollo sur les recettes toutes faites ! »
Les bras m’en tombent.
ce sont d’énormes livres de recettes
sur pattes
à forme d’humaines
qui nous parlent.
Vous êtes des prodigueurs de recettes.
Comme l’Etat français qui lutte dur contre le tabagisme
et récolte le pactole de la vente des tueuses.
Ce chien qui court après sa queue et se croit formidable.
On doit se croire formidable,
sinon rien ne vaut la peine de se battre.
Ni vous ni moi n’avons aucune véritable utilité ici-bas.
Sinon la perpétuation de l’espèce,
qui est une consolation pour quelqu’un ?
Faites-moi avaler ça !
Mais parfois, je perds pied.
Face à ces gens qui parlent d’êtres souffrants,
dans des situations de vie inextricables,
et qui omettent,
omettent absolument,
de parler de leur souffrance et de leur vécu.
Non qu’il hésitent à en parler.
Non qu’ils peinent sur le sujet.
Non que cela les mettent à mal.
Ils n’y pensent pas. Voilà tout. J’en conclus à l’écoute de ce discours qu’il n’y en a pas.
Et où revient-on alors ?
Loin derrière nous là où l’on pense les plus fragiles d’entre nous,
les plus incompréhensibles de notre espèce,
sans mouvements psychiques intéressants.
Ou alors, on ne veut pas se casser la tête à les chercher dans leurs
profondeurs encore plus abyssales que les
nôtres.
Pas de question de développement affectif de telle sorte ou telle autre.
Il ne s’agit plus d’un débat théorique.
Il s’agit d’un débat éthique :
où sont accueillis les émotions, les douleurs, les bonheurs de ces déshérités ?
Où les avez-vous mises ?
Comment avez-vous réussi à mathématiser tout cela ?
Toutes les théories m’intéressent, m’enrichissent, m’ouvrent une porte, un côté de la sphère que je n’avais pas perçu. J’essaye autant qu’il est en mon pouvoir d’entendre les plus strictes jusqu’au plus laxes.
Je me refuse pourtant, et catégoriquement à réduire la compréhension des êtres humains les plus complexes du monde, les personnes porteuses d’un handicap psychique, mental, toutes ces choses des neurones et de l’esprit, à la compréhension de leurs comportements et de leurs motivations.
Je m’y refuse car je me sens leur infliger une blessure de plus, un coup dont ils n’ont nul besoin.
Peut-être que je rêve, diront certains. Je crois surtout qu’on n’aidera jamais personne sans essayer de saisir la plus infime parcelle de ses émotions et de leurs tenants et aboutissants. On accompagne, on béquille, on fait avancer. Pas davantage.
Mais on ne prend en aucun cas soin de cette personne. On l’aide. Absolument. On l’aide à vivre. Absolument. On ne prend pas soin d’elle. On n’écoute pas.
Les plus « incapables » d’introspection y arrivent toujours à un moment. Ou alors à force de tourner autour, ils se livrent autrement. Ils laissent entendre l’intérieur. Ils ne font pas que gesticuler à côté de la plaque.
Attendre que l’intérieur se manifeste et écouter.
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