Depuis la tendre
et plus tendre
des enfances
jamais tendre,
il est entre deux feux,
entre deux guerres.
Je suis un champ de bataille
se dit-il à mi-voix
dans son lit
avant de.
Je suis une terre promise
ou perdue,
un no man’s land
ou un champ de mines.
Mines possibles de n’importe quoi.
Il ne sait toujours pas,
après toutes ces années,
pour qui donc se ranger.
Pas pour un sou
hésitant balanceur
voltigeur.
Même si les altitudes le hantent.
Il ne saisit pas clair
pourquoi embrasser l’un et
crever l’autre.
Il n’est patriote que des chiffres
et des raisons.
Je suis un champ de bataille
se dit-il à mi-voix
dans son lit
avant de.
Un champ de bataille
un peu extraordinaire.
Un vertical
à queue et tête.
L’irrespirable éternité me happe
comme
les racines m’engluent
savoureusement.
Un grand échalas
une grande échelle
entre ce qui tient et retient
l’érigé fier,
et les nuages dans lesquels on se baigne
pour faire cuire tout cela.
L’échelle pensante
réfléchissante
de marche en marche
et
long en long.
La nature a écouté
pour en faire un immense
monsieur.
Les deux faces de l’être
complices comme jamais.
Il aurait pu
a voulu
défier sa hauteur
et celles du monde.
Pour voir si les pieds se perdent ?
Pour provoquer l’élastique invisible ?
Pour prouver qu’il n’y a presque pas de limites ?
Pour perdre tous ses congénères et jouir enfin seul au monde ?
Pour que l’hybris parfois se fasse rabattre le caquet ?
Pour ne pas se croire invincible ?
Pour ressentir l’épreuve ?
Pour s’asphyxier et purifier l’orgueil ?
Pour faire fleurir les idées trop pensées ?
le froid et la hauteur éclosent
les âmes et
les poumons.
Peut-être que tout là-haut,
il n’est plus un champ de bataille,
un interstice, il est forcé de n’être qu’un,
absolument compact.
Et qu’il ne prendra pas le
risque
tu
bâillonné
soigneusement
de descendre vers le fond.
Quand il est tout là-haut,
il souffle dit tout au haut :
je suis une Tour Eiffel
enfin.
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