lundi 19 juin 2017

Changement de sexe

Elle a commencé avec se escapades nocturnes. Elle a entamé le vrai, la chair. Elle eu un premier élan. Désormais, elle voit l'horizon s'ouvrir malgré un mur qui ne cède pas encore, pour des années encore mais il ne sera plus le seul devant ses yeux, à lui boucher la vue, à l'aveugler et l'empêcher. Elle voit tous les autres derrière. Non que notre chère bâtisse soit désormais transparente mais les autres sont devenus légitimes et se font voir, on ne sait trop comment. Ne m'interrogez pas sur ces détails pratiques et surtout physiques qui me dépassent. Ce qu'elle voit en premier et qui brille le plus c'est la métamorphose. Les aventures secrètes continueront, vous verrez mais plus seulement.
Du jour au lendemain, dit-on dans son entourage sauf Kiwi bien sûr, Patate mua, certains allèrent jusqu'à « muta ». Elle avait coupé ses longs cheveux blonds, ternes, et n'avait pour ainsi dire que quelques centimètres sur le crâne. Une brosse à ras. Bonnet vissé jusqu'aux oreilles. La frileuse eut terriblement froid à la tête mais quel plaisir de se sentir aussi libre ! Elle put garder son bonnet dans la plupart des cours, elle avait bonne presse auprès des enseignants. Et à vrai dire, tout le monde était stupéfait. La gentille Patate... Donc, nous disions, plus de cheveux. Elle s'était habillée largement, confortablement, sans essayer de mettre quoi que ce soit en valeur, sans se poster en face d'elle-même à se relooker mais de l'intérieur au contraire à se sentir douillette, rien d'autre. Elle prit tout de même soin de plaquer avec deux soutien-gorge de sport son opulente et détestable poitrine. Elle repensa sérieusement à en finir avec elle. Elle se débrouillerait, elle échapperait à cette tare. Elle se sentit plus légère dès qu'elle se fût ainsi glisser dans ses gros vêtements où se perdaient ses seins, son ventre mou et ses jambes d'allumettes. Elle ressemblait plus que jamais à patates et se sentait moins que jamais Patate. Elle était comme elle voulait, comme elle sentait, de l'intérieur, accrochée frénétiquement à ses hanches sûres et certaines depuis quelques jours.
On s'étonna. Même plus, on s'éberlua. Et comme toujours dans ces cas-là, on ne dit rien. Patate s'en réjouit. Elle n'attendait pas encore qu'on réagisse. Elle devait déjà elle-même s'accoutumer à sa nouvelle vie. Sa vie d'homme, de mâle, de putain de mec qu'elle n'avait pas été. Elle était ce qu'elle voulait à partir de ce jour et il s'agissait de cesser d'être cette femelle qu'elle haïssait. Ce premier jour était sa renaissance, elle allait enfin être quelque chose de plus que Patate insignifiante et jouée de tous. Elle était désormais maître du navire.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire