Elle a commencé avec se
escapades nocturnes. Elle a entamé le vrai, la chair. Elle eu un
premier élan. Désormais, elle voit l'horizon s'ouvrir malgré un
mur qui ne cède pas encore, pour des années encore mais il ne sera
plus le seul devant ses yeux, à lui boucher la vue, à l'aveugler et
l'empêcher. Elle voit tous les autres derrière. Non que notre chère
bâtisse soit désormais transparente mais les autres sont devenus
légitimes et se font voir, on ne sait trop comment. Ne m'interrogez
pas sur ces détails pratiques et surtout physiques qui me dépassent.
Ce qu'elle voit en premier et qui brille le plus c'est la
métamorphose. Les aventures secrètes continueront, vous verrez mais
plus seulement.
Du jour au lendemain, dit-on
dans son entourage sauf Kiwi bien sûr, Patate mua, certains allèrent
jusqu'à « muta ». Elle avait coupé ses longs cheveux
blonds, ternes, et n'avait pour ainsi dire que quelques centimètres
sur le crâne. Une brosse à ras. Bonnet vissé jusqu'aux oreilles.
La frileuse eut terriblement froid à la tête mais quel plaisir de
se sentir aussi libre ! Elle put garder son bonnet dans la
plupart des cours, elle avait bonne presse auprès des enseignants.
Et à vrai dire, tout le monde était stupéfait. La gentille
Patate... Donc, nous disions, plus de cheveux. Elle s'était habillée
largement, confortablement, sans essayer de mettre quoi que ce soit
en valeur, sans se poster en face d'elle-même à se relooker mais de
l'intérieur au contraire à se sentir douillette, rien d'autre. Elle
prit tout de même soin de plaquer avec deux soutien-gorge de sport
son opulente et détestable poitrine. Elle repensa sérieusement à
en finir avec elle. Elle se débrouillerait, elle échapperait à
cette tare. Elle se sentit plus légère dès qu'elle se fût ainsi
glisser dans ses gros vêtements où se perdaient ses seins, son
ventre mou et ses jambes d'allumettes. Elle ressemblait plus que
jamais à patates et se sentait moins que jamais Patate. Elle était
comme elle voulait, comme elle sentait, de l'intérieur, accrochée
frénétiquement à ses hanches sûres et certaines depuis quelques
jours.
On s'étonna. Même plus, on
s'éberlua. Et comme toujours dans ces cas-là, on ne dit rien.
Patate s'en réjouit. Elle n'attendait pas encore qu'on réagisse.
Elle devait déjà elle-même s'accoutumer à sa nouvelle vie. Sa vie
d'homme, de mâle, de putain de mec qu'elle n'avait pas été. Elle
était ce qu'elle voulait à partir de ce jour et il s'agissait de
cesser d'être cette femelle qu'elle haïssait. Ce premier jour était
sa renaissance, elle allait enfin être quelque chose de plus que
Patate insignifiante et jouée de tous. Elle était désormais maître
du navire.
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