Un Kiwi pour une Patate, ça
change une vie. Ça empêche de crever, disons les choses comme elles
sont. Vous allez dire que c'est simpliste mais je ne crois pas non :
une fois qu'on n'est plus seul, à l'intérieur, tout change. Tout se
transforme. Le mur de mort ne disparaît pas et ne tombe pas bien
entendu. Il est plus fort que cela et les attaques devront être
répétées et patientes avant d'être efficaces. Mais ce n'est pas
ça le plus important. L'essentiel est de ne pas être seul face à
lui. On est toujours seul face à lui. Je ne me contredis pas non.
Tout ça est tout un micmac terriblement humain. Concrètement, même
si rien de cela n'est concret, Patate ou Kiwi ou les autres sentent
advenir l'adversité et ils se recroquevillent. Ils sentent qu'autour
d'eux, les éléments se resserrent et pas pour les envelopper et les
bercer. Ils lèvent les yeux et le mur est là, érigé fièrement.
Il n'est pas traître, il se fait sentir. Il est d'une puissance
désespérante, ça oui. Et ils lèvent les yeux jusque tout en haut,
ils ne peuvent pas s'en empêcher, ils se ratatinent encore
davantage. Mais mais ! Ça y est , pour Patate est apparu un
mais. Le mais que toute cette engeance attend : le compatriote,
le soldat d'à-côté, celui qui reste dans la poitrine, logé
irrésistiblement et qui fait la douleur moins folle, juste parce
qu'il es là.
Patate avait trouvé son Kiwi ou
plutôt Kiwi avait trouvé Patate. Etait allé la chercher. Mais par
la suite, elle se rendit compte que, premièrement Kiwi n'était pas
le seul qui pouvait se lover en elle quand le mur paraissait ;
deuxièmement, que ce n'était pas forcément un humain qui pouvait
faire office de toudoux dans la poitrine. Elle apprit peu à peu, par
hasard, crut-elle, qu'une odeur, surtout une odeur, ou une couleur,
ou un mot, ou au-delà, un livre et tout son univers étaient aussi
puissants qu'un Kiwi bien vivant. Vivants à leur manière,
différents mais bien vivants aussi. Sans cœur qui bat. Pas toujours
la peine.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire