vendredi 22 juin 2018

Soldat mélancolique

Le grand mec,
Muscles
Et gueule
Pas trop sourire
Pas non plus
Vigile
Épaules arqueu-
boutées,
Pas non plus
Mastooo-
donte
Mais pas à picoter
Trop sec.
Fais pas ta poule
Toc toc toc qui est là !
Pas tant envie de voir
Ce grand corps
S’avancer
Et demander :
Y a un problème ?

Derrière,
Une voix d’homme
Ni grosse
Ni haute,
Ni lourde
Ni aigre.
Juste une voix d’homme
Dont la hauteur
Echappe,
Juste le timbre
S’écoute.
Je ne me retourne
Pas.
Il ne faut pas
Gâcher avec les yeux.
La voix est douce,
Presque mélancolique,
Fatiguée,
Un peu déçue.
Pleine de toute la
Journée
Et la nuit qui
Commence.
Elle est seule,
Sur un répondeur.
L’homme ne prend pas
De grands airs,
Ne fait pas de poésie.
Il n’est pas
Pour autant
Sans voix.
Il y a peu de mots
Certes
Pas de philo
Pas de dissert’
Mais la douceur
De fin du jour,
Seul face
A la machine
Enregistreuse.
Il pourrait
S’éteindre en même
Temps
Que sa voix
Qui clôt.
Lui et elle ne sont
Pas vraiment
Tendres.
Juste un bonsoir
D’amour
Et un peu trop
Solitairien.

L’homme se tait.
Il me dépasse et voilà
Le grand mec
Muscles
Et gueule.
Il n’est plus si
Muscle
Ni plus si
Gueule.
Et la grosse cuirasse
Fait sourire
Car la voix
L’a trahie.
Trahison
Agréée.
Trahison
Salvatrice.


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